UNE FEMME DE JÉRICHO


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 Lire: JOSUÉ 2 et 6:5; HÉBREUX 11:31; JACQUES 2:25-26

Le livre de Josué nous met en présence de deux faits remarquables. En premier lieu le voyage des enfants d'Israël va prendre fin. Seul, le fleuve du Jourdain les sépare maintenant du pays de la promesse. Pendant quarante ans, Israël n'a eu sous les yeux que le sable du désert. Le peuple s'est trouvé aux prises avec les serpents brûlants (Nombres 21:6) et des dangers de toutes sortes se sont pressés nombreux sous ses pas. Mais le pays dont Dieu a parlé est à présent en vue. Les promesses que le Tout-Puissant a autrefois faites à Abraham, à Isaac et à Jacob vont recevoir leur accomplissement. Ne voit-on pas là-bas les plaines fertiles! C'est le pays dont Dieu a dit: "Il est ruisselant de lait et de miel." (Exode 3:8) Aussi Israël va bientôt dire adieu à la tente qui fut l'abri du voyageur et au bâton qui fut l'appui du pèlerin. Voici le pays et ses maisons, sa végétation luxuriante: figuiers, oliviers, pampres qui s'étagent sur les collines ensoleillées. Voici le pays aimé avec ses sources et ses ruisseaux qui coulent doucement au fond des vallées. Mais, dans le désert, Israël a fait l'expérience de la fidélité de Dieu; de sorte que le peuple a moissonné une abondante provision de précieux souvenirs. Le vêtement ne s'est point usé et le pied ne s'est point enflé pendant ces quarante ans (Deutéronome 8:4). Que de grâces accumulées sur la tête des voyageurs.

De la même manière, l'Église du Seigneur se trouve aujourd'hui au terme de sa course. Elle va d'un instant à l'autre être introduite par Christ (le vrai Josué) dans sa céleste patrie. Comme le ministère de Moïse a pris fin, (car Moïse n'est pas entré en Canaan,) ainsi le ministère de la Parole va prendre fin et comme dit un poète: "Face à face, en Ta lumière, nous Te parlerons, saint Agneau."

Voilà donc le premier fait: Le voyage s'achève et le pays avec toutes ses délices va être la part de ceux qui ont cheminé dans ce "grand et terrible désert". Parlant de la sollicitude de Jéhovah à l'égard de Ses rachetés, le psalmiste dira plus tard: "Il les fit marcher par les abîmes comme par un désert." (Psaume 106:9). Mais passons au second fait. Ce qui est un sujet de bonheur pour Israël va être le malheur des Cananéens. Pour Israël, franchir le Jourdain et être introduit dans le pays va être l'ultime délivrance. Pour les Amoréens, la conquête de la Palestine sera l'épouvante et la mort. Le jugement de Dieu va s'exécuter sur ces nations impies. Cela nous rappelle ce que nous trouvons à la fin du Nouveau Testament: "Malheur à la terre..." (Apocalypse 12:12). Oui, malheur à ceux qui ont choisi pour leur portion la terre et ses vanités, méprisant les joies que donne la connaissance de l'oeuvre et de la personne du Seigneur Jésus. Comme pour Israël et les nations, nous trouvons d'une part le bonheur et d'autre part le jugement; pour l'Église et le monde, nous trouvons d'un côté la vie et la bénédiction, et d'un autre côté la mort et la malédiction.

Il faut toutefois que vous sachiez, cher lecteur, que la "patience de notre Seigneur est salut" (2 Pierre 3:15). Et jusqu'à la dernière minute avant que l'heure du jugement ait sonné au cadran de l'horloge divine, jusqu'aux derniers instants, la grâce de Dieu est en activité pour sauver ceux qui sont encore perdus; et c'est cette vérité que nous allons voir illustrée d'une manière saisissante avec le salut et la conversion de Rahab.

Une question se pose: Israël était-il un peuple sans imperfections? Point du tout et le livre des Nombres nous le prouve d'une manière surabondante. Ici encore le parallèle est frappant entre Israël et l'Église. Avec cette dernière, il y a actuellement des taches, des rides et des choses semblables. C'est ce qui ressort de la lecture des chapitres 2 et 3 du livre de l'Apocalypse. Oui, le passé est chargé de manquements et d'inconséquences de toute nature, qu'il s'agisse de l'histoire du peuple terrestre ou de l'Assemblée, Mais l'un et l'autre sont au bénéfice de la Rédemption. Il en va tout autrement du monde. Qu'en était-il autrefois des Amoréens qui allaient être détruits par les armées victorieuses d'Israël? Ah! les Cananéens étaient jugés par Dieu depuis longtemps. L'Éternel avait dit à son serviteur Abraham: "L'iniquité des Amoréens n'est pas encore venue à son comble" (Genèse 15:16). Maintenant la coupe du péché et de l'infamie déborde. Les siècles ont passé et l'heure solennelle du châtiment est là. Israël campe à Sittim et sous peu il franchira le Jourdain. Puis il dressera ses tentes à Guilgal, comme nous le savons, dans les plaines de Jéricho (Josué 5:10).

Y eut-il jamais un plus étonnant spectacle que la marche en avant, bannières déployées au vent, d'un peuple racheté et conduit par Dieu? Regardez ces guerriers. Ils ont été dénombrés peu de temps auparavant dans les plaines de Moab. Le résultat du dénombrement a été celui-ci: Six cent un mille sept cent trente (Nombres 2:51). Il s'agit bien entendu des fils d'Israël propres au service militaire, depuis l'âge de vingt ans et au-dessus (Nombres 26:2). Chacun est à sa place, près de sa bannière, sous les enseignes de sa maison de père, qu'il s'agisse de camper ou de marcher (Nombres 2:34).

Revenons un instant aux Amoréens voués par Dieu à une entière destruction. Dieu avait parlé au patriarche Abraham de leur iniquité. Plus tard, Dieu mettant en garde son peuple contre différents crimes, souillures et abominations, avait dit: "Vous ne vous rendrez point impurs par aucune de ces choses, car c'est par toutes ces choses que les nations que je chasse devant vous se sont rendues impures; et le pays s'est rendu impur; et je punis sur lui son iniquité, et le pays vomit ses habitants" (Lévitique 18:24-25). Il y a des choses dont on a honte de parler et desquelles on ne doit pas parler. N'est-il pas écrit: "Mais que ni la fornication, ni aucune impureté ou cupidité, ne soient même nommées parmi vous" (Éphésiens 5:3)? L'Écriture nous montre l'homme tel qu'il est. Et quand Dieu fait le tableau de ce que nous sommes comme de ce que nous produisons, nous ne pouvons que dire, le rouge au front: "C'est juste, telle est ma lamentable histoire." Supposez un instant que je me sois maculé le visage avec du charbon. Je me présente devant un miroir qui, naturellement, réfléchit très fidèlement mon image. Que diriez-vous si, irrité et rageur, je saisissais un marteau et que j'en porte de violents coups sur le miroir? Ce serait, n'est-ce pas, de la folie de ma part? Néanmoins combien il y a d'hommes qui agissent de cette manière insensée à l'égard des Saintes Écritures! Il y a toutefois cette différence que la Parole de Dieu n'est nullement affectée par les assauts, les moqueries, les critiques, les négations et autres égarements des malheureux incrédules. Ne vaut-il pas mieux courber le front et dire: "Le miroir est fidèle, mon coeur est capable de commettre tous ces crimes: j'ai horreur de moi"?

Il y a beaucoup de choses qui ont motivé le courroux de Jéhovah sur les Amoréens. La première est que la famille est désormais ensevelie sous un monceau de boue (Lévitique 18). C'est en tremblant que l'on écrit ces choses, craignant de manquer de ce sens moral que seule donne la communion avec Dieu. La deuxième accusation à la charge des Amoréens est qu'ils donnaient de leurs enfants pour les faire passer par le feu à Moloc. Les affections naturelles sont détruites, ravagées par le cyclone du péché. Il ne reste rien des beautés de la famille. La tempête effrayante du mal a tout saccagé. Le diable est adoré et on lui sacrifie ce que l'on a de plus cher, c'est-à-dire les enfants que Dieu avait donnés. C'est l'infanticide perpétuel au pays des Amoréens et ce crime est, par l'Éternel, puni de mort. Mais ce n'est pas tout, et je renvoie mon lecteur au chapitre premier de l'épître aux Romains. Ce que Dieu a établi au commencement est complètement rejeté. Puis encore un trait, au sujet des Amoréens, et nous toucherons le fond de l'abîme. Ce sont les "vagues impétueuses de la mer" qui jettent "l'écume de leurs infamies." C'est le "bourbier fangeux". C'est "une boue profonde". C'est "la mer agitée, qui ne peut se tenir tranquille et dont les eaux jettent dehors la vase et la boue" (Ésaïe 57:20).

Mais parlons de Rahab. C'était une fille de cette race maudite. La Parole nous dit ce qu'elle était, ce qu'elle a fait, et, ce qu'elle est devenue par la grâce infinie de Celui qui sauve les plus coupables et les plus dépravés. Rahab! L'Écriture lui donne un nom, un titre, un qualificatif que la plume n'aime guère écrire. Quand la Parole parle de Judas Iscariote, elle ajoute souvent après le nom de ce triste personnage ces mots: "qui allait le livrer" ou "qui le livrait" (Jésus). Quand l'Écriture mentionne Rahab, elle la désigne sous le nom que vous trouverez au livre de Josué, chap. 2:1; chap. 6:22 à 25; Hébreux, chap. 11:31; Jacques, chap. 2:25. Il s'agit en vérité d'un titre lugubre, point enviable du tout, et qui donne lieu de rougir de honte... Mais il est ainsi écrit dans la Sainte Parole du Seigneur et il ne fait qu'exalter la miséricorde et la charité ineffables du Sauveur des pécheurs.

Rahab! C'est une fleur qui a surgi on ne sait comment des marais pestilentiels de la corruption morale de Jéricho. Fleur qui s'est épanouie sous les doux et chauds rayons du soleil de la grâce, sous les effluves de l'amour de Dieu. Fleur d'une rare beauté, telle est Rahab, et, éternellement, elle ornera le sanctuaire, à la louange de la GLOIRE DE LA GRÂCE DU DIEU ET PÈRE DE NOTRE SEIGNEUR JÉSUS CHRIST. Pécheur perdu qui maintenant lisez ces lignes, prenez courage. Considérez je vous prie un instant, cette femme de mauvaise vie, cette pécheresse, cette coupable, cette femme qui s'est déshonorée, dégradée, avilie et dont la conduite passée fait naître un sentiment de répulsion, d'horreur et de dégoût. Cette femme fut sauvée. Il y a donc de l'espoir pour vous. Si même vous aviez commis autant de péchés que les arbres d'une vaste forêt ont porté de feuilles, cela ne devrait pas vous empêcher d'aller au Calvaire. Il faut aller à Jésus qui est mort sur la Croix. Nul qui est venu au Sauveur n'en a jamais éprouvé la moindre ombre de regret. La route que vous suivrez sera celle qui fut dans les jours d'autrefois parcourue par un brigand, par une femme pécheresse, par un persécuteur de l'Assemblée, par un geôlier, par un esclave fugitif pour ne citer que ces gens-là. Tous sont venus déposer aux pieds du Seigneur Jésus leur lourd fardeau de culpabilité. Aucun n'a été repoussé, mais chacun a reçu un inoubliable accueil. Cette réception que les mots ne peuvent décrire, cet accueil que nulle expression ne peut traduire, sera votre part, si seulement vous venez aujourd'hui à Jésus. Parfois, au matin d'un jour de fête, nous voyons une foule endimanchée et tout à la joie, se dirigeant vers les soi-disant "lieux de plaisir". Le soir, si nous croisions le même cortège, combien l'aspect de chacun serait différent. Fatigue, déception, désappointement, peine, regret, remords, besoin, chagrin, tout se lirait sur les fronts de ce troupeau que Satan a encore une fois abominablement trompé. Il s'est joué d'eux. Leur coeur est toujours aussi vide et bien souvent piétiné et meurtri. L'Écriture se vérifie en disant: "Même dans le rire le coeur est triste; et la fin de la joie, c'est le chagrin" (Proverbes 14:13). Quand on va déposer son poids de péchés aux pieds du Sauveur, rien de semblable ne se produit. En partant, ce sont sans doute des larmes de repentance qui coulent, mais ensuite c'est la joie et une joie qui ne prend jamais fin. Et, si dans les yeux se trouvent encore des larmes, ce sont celles d'une profonde gratitude à l'égard de Celui qui aurait pu nous repousser comme on repousse une chose immonde, mais qui, ô profond mystère, nous a étreints dans Ses bras d'amour, pour nous posséder éternellement pour Lui.

Il faut que je vous dise quelques mots des espions qui furent envoyés par Josué à Jéricho. Ce sont les instruments que Dieu emploie pour l'accomplissement de Ses desseins. Ils sont envoyés secrètement de Sittim. Les serviteurs de Dieu sont premièrement choisis (Luc 6:13) ou désignés (Luc 10:1), puis "envoyés" (Romains 10:15). Enfin, il faut obéir quels que soient les sacrifices demandés. Sittim, veut dire "acacias". Les serviteurs laissent "Sittim" et l'ombrage des acacias pour parcourir le pays de la misère morale et les sombres plaines du péché. Les espions auraient pu dire à Josué: "Pourquoi nous envoies-tu? Nous risquons nos vies. Là-bas c'est la nuit, c'est la souffrance et d'innombrables périls. Tu connais le pays, tu l'as visité toi même en compagnie de Caleb. N'as-tu pas rapporté avec tes compagnons de voyage, un sarment avec une grappe de raisin, coupé à la vallée d'Eshcol,-avec des grenades et des figues?" Moïse avait définitivement fixé les fils d'Israël quant à la stature des Cananéens. "Ce sont des nations plus grandes et plus fortes que toi, des villes grandes et murées jusqu'aux cieux, un peuple grand et de haute stature, les fils des Anakim." Telles furent les paroles du législateur. Non, cher lecteur, les espions n'ont pas raisonné ainsi. L'esclave obéit à son Maître quand Celui-ci a parlé. On ne disposait pas alors des moyens de locomotion dont nous avons maintenant l'usage. Il faudra traverser le Jourdain... Que de difficultés! Enfin, les serviteurs de Christ doivent se laisser diriger et conduire.

Les espions "s'en allèrent et vinrent dans la maison d'une prostituée nommée Rahab, et y couchèrent." Ah ! combien les enfants de Dieu doivent prier pour que les serviteurs de l'Évangile soient conduits et gardés. Les messagers de la Bonne Nouvelle vont souvent dans les bas-fonds de la société, derrière les grilles des prisons; et en tant d'autres sinistres endroits... pour l'amour de Christ et pour l'amour des âmes. Le Seigneur Jésus Lui-Même a dit: "Va-t-en promptement dans les rues et les ruelles... va-t-en dans les chemins et le long des haies..." (Luc 14:21 et 23). Pourquoi? Pour contraindre les gens d'entrer. Quelle sphère d'activité que celle de l'évangéliste qui, en figure, a laissé Sittim, son confort et ses aises, les frondaisons vert sombre des acacias, pour parcourir un pays dangereux s'il en fut. Mais le Maître a dit: "Allez" (Marc 16:15). Oh, Seigneur donne à tes serviteurs d'obéir!

Voilà donc les espions dans la ville de Jéricho, cherchant un asile dans une maison mal famée. Quelqu'un aurait dit de Rahab: "Ce n'est pas une personne intéressante." En elle-même, non, certainement non ! Savez-vous comment l'Écriture désigne une telle femme? Elle l'appelle: "Une fosse profonde". Lecteur ! Prenez garde, le danger est réel si vous ne vous conformez pas point par point au code de la route! Écoutez ce commentaire: "Elle a fait tomber beaucoup de blessés, et ceux qu'elle a tués sont très nombreux. Ce sont les voies du shéol que sa maison, elles descendent dans les chambres de la mort." (Proverbes 7:26-27) Voilà donc la personne chez qui les espions sont allés. Rahab était peut-être la personne la plus mauvaise de la ville. Mais, ne sommes-nous pas tous pécheurs? Car "tous ont péché" (Romains 3:23), dit l'Écriture, et nous sommes tous "par nature des enfants de colère" (Éphésiens 2:3).

Poursuivons avec Rahab. C'est une épave humaine, mais c'est une épave qui va échouer sur le rivage du salut et du pardon. Que dit la Parole? Rahab "reçut les espions en paix" (Hébreux 11:31). Ceux-ci furent toutefois reconnus et "on parla au roi de Jéricho", au sujet de ces hommes d'entre les fils d'Israël qui étaient venus "pour examiner le pays." C'est ainsi que l'ennemi ne laisse jamais tranquilles les messagers de la paix. Voyez ce jeune converti qui cherche à servir Christ. Tout de suite il est inquiété. Satan se lance immédiatement sur sa piste. Ici l'agent direct de Satan est le roi de Jéricho et non seulement ce dernier en veut aux espions, mais encore à celle qui les a reçus sous son toit. Serviteurs de Christ, courage! Dieu aura le dernier mot quoique l'enfer gronde si souvent sous vos pas. Que rien surtout ne vous arrête. Souvenez-vous que la crainte de l'homme tend un piège.

Où sont maintenant les espions dépêchés par Josué? Chez une femme coupable mais troublée. C'est l'arrière grand-mère d'Isaï, le Bethléhémite, qui fut lui-même le père de David. Le roi selon la grâce, le roi selon le coeur de Dieu. Nous allons considérer la conversion de Rahab. L'Évangile selon Matthieu mentionne cette femme en rapport avec son mariage. Quelle grâce ! L'épître aux Hébreux là cite comme faisant partie de la "grande nuée de témoins." Quant à Jacques, il traite de sa foi réelle, vivante et agissante. Les émissaires du roi de Jéricho, pour en revenir à notre chapitre, disent: "Fais sortir les hommes qui sont venus chez toi, qui sont entrés dans ta maison." Il faut en d'autres termes, supprimer le témoignage, faire mourir les émissaires du grand Roi. Mais le Seigneur veille sur Ses ouvriers et Il délivrera les siens de la gueule du lion.

Rahab a reçu les espions. Elle montre par là qu'elle s'identifie avec le peuple de Dieu. Elle estime les messagers comme étant des moyens de salut que Dieu lui envoie. Cette femme qui s'est autrefois dégradée renie "l'impiété et les convoitises mondaines" (Tite 2:12), elle veut faire partie du peuple de Dieu. Quelqu'un objectera peut-être que Rahab ajoute encore à la somme déjà considérable de ses crimes, car elle trahit son pays. Oui, si la foi était absente du coeur de cette femme, ce raisonnement serait vrai. Abraham aussi, sans la foi, serait un misérable meurtrier. N'a-t-il pas levé son couteau pour égorger son fils? De même le chrétien, que serait-il si la foi n'habitait pas dans son coeur, lui, qui se prive volontairement de toutes les joies terrestres?

Voilà donc la première manifestation, la première étincelle de la vie divine chez cette étrangère, pécheresse notoire même parmi les païens. Elle aime les gens de la maison de la foi. Plus que cela, elle les abrite, elle les protège, elle les entoure de ses soins, elle les dissimule soigneusement. Sa sollicitude pour les messagers témoigne hautement de son amour pour Celui qui les a envoyés explorer le pays. Je vous renvoie, cher lecteur à la première épître de Jean. Vous y verrez comment Rahab réalise certaines vérités qui y sont développées. "Quiconque aime Celui qui a engendré, aime aussi celui qui est engendré de Lui" (1 Jean 5:1). "Nous, nous savons que nous sommes passés de la mort à la vie, parce que nous aimons les frères; celui qui n'aime pas son frère, demeure dans la mort" (1 Jean 3:14). Puis, "avant qu'ils se couchassent (les espions), elle (Rahab) monta vers les hommes sur le toit." Ah! quelle fin de journée pour cette femme! Quelle nuit que celle où Rahab est montée sur le toit de la maison! Je crois pouvoir dire qu'elle en gardera le souvenir, aux siècles des siècles. Dans le silence de cette nuit mémorable, sous la voûte étoilée, Rahab a murmuré, peut-être tout bas, ces deux mots aux oreilles des espions: "Je sais." Quelle connaissance que celle que possède cette habitante de Jéricho. Il n'y a pas d'incertitude chez elle. Il n'y a pas un échafaudage précaire de pensées, de suppositions, d'hypothèses, de présomption humaine. Mais, quelle assurance, quelle certitude absolument inconnues à l'esprit de ceux qui ne sont pas en relation avec le grand Dieu Sauveur !

Et vous, ami lecteur, pouvez-vous dire comme Rahab: "Je sais?" Seriez-vous devancé par cette païenne de la race maudite des Amoréens? Seriez-vous dépassé par cette pécheresse de la cité coupable de Jéricho? Que savez-vous? Que connaissez-vous? Les hommes ont cherché et ils ont trouvé beaucoup de choses: de l'or, de l'argent, des pierres précieuses. Mais la sagesse, l'avez-vous trouvée? "Voici, la crainte du Seigneur, c'est la sagesse, et se retirer du mal est l'intelligence" (Job 28:28). Le grand roi Salomon a dit: "La crainte de l'Éternel est le commencement de la sagesse, et la connaissance du Saint est l'intelligence" (Proverbes 9:10). Aussi, réfléchissez, cher lecteur, et ne vous donnez aucun repos avant que vous puissiez dire comme Rahab: "Je sais",-"j'ai la certitude de mon salut",-"je connais le Seigneur".

Et voyez aussi comment Rahab se place devant Dieu, comme méritant son juste jugement. Elle prend sa vraie place, celle qui seule lui convient. Et c'est ce que le Seigneur aime: "Nous avons entendu comment l'Éternel a mis à sec les eaux de la mer Rouge devant vous, lorsque vous sortiez d'Égypte, et ce que vous avez fait aux deux rois des Amoréens qui étaient au delà du Jourdain, à Sihon et à Og, que vous avez entièrement détruits." Il y avait en effet quarante ans qu'à la mer Rouge, le Pharaon et son armée avaient été engloutis. Quelle délivrance et aussi quel cantique que celui de la rédemption chanté par Israël au sortir de la fournaise de fer et après la destruction de l'oppresseur. Lecteur inconverti? Vous avez, vous aussi entendu les chants d'allégresse, les hymnes de louange, de ceux qui ont connu le Christ des Écritures, mort sur la croix et ressuscité. Dieu a pris soin de ces croyants qui vous entourent et que vous voyez aller et venir autour de vous. Pendant quarante ans, Israël fut l'objet de la miséricorde de Jéhovah. Il en est exactement de même de nos jours du croyant en Jésus. La sagesse de Dieu, Sa puissance et Son amour, s'unissent pour le conduire au séjour bienheureux. Sihon et Og étaient tous deux des monarques des Amoréens. Ils régnaient, non pas dans le pays lui-même, mais au delà du Jourdain. Ils ont essuyé une écrasante défaite devant les armées victorieuses d'Israël. Eh bien! Rahab veut se mettre du côté du vainqueur. Il fait bon se trouver du côté du plus fort. Cette femme de Jéricho veut désormais faire partie du peuple de Dieu. Croyez-vous que sa foi restera sans réponse? Ce serait totalement ignorer la grâce qui se trouve dans le coeur de Dieu, que d'en douter une fraction de seconde. Avant d'aller plus loin, je vous dirai, ami lecteur, qu'il est facile pour vous de faire maintenant partie du peuple de Dieu. Comment cela? "Quiconque croit que Jésus est le Christ, est né de Dieu" (1 Jean 5:1). Voilà comment on peut être introduit au sein d'un peuple dont le départ pour le ciel va se produire d'un instant à l'autre.

Remarquez aussi combien la foi de Rahab est grande. Elle n'a jamais vu le peuple. Elle en a simplement entendu parler. Elle a cru. Le peuple est à la frontière et Rahab peut dire: "Je sais que l'Éternel vous a donné le pays." Elle ajoute: "Nous l'avons entendu et notre coeur s'est fondu, et le courage d'aucun homme ne se soutient plus devant vous." Ce que les hommes de Jéricho avaient entendu n'avait pas produit chez eux la foi, mais avait suscité la crainte. Ah! les hommes montrent une grande énergie pour faire le mal, mais quand Dieu montre Sa puissance, le courage d'aucun homme ne résiste. Il fond comme fondrait un morceau de cire au souffle d'un brasier. Car, "c'est une chose terrible que de tomber entre les mains du Dieu vivant!" (Hébreux 10:31). Les hommes de la ville s'abritaient, sans doute, derrière les remparts de leur orgueilleuse cité. Et quels sont les remparts du pécheur? Ferez-vous du mensonge votre abri? Chercherez-vous une sécurité illusoire derrière les murailles du scepticisme, de l'incrédulité et de l'infidélité? Sachez que le moment s'approche rapidement où devant la colère de l'Agneau, votre coeur se fondra, et votre courage ne vous soutiendra plus. Il vaut mieux que vous fassiez comme Rahab. Elle a été pour ainsi dire au-devant du jugement qu'elle savait avoir mérité. Aussi écoutez la requête, la supplique de cette femme. Elle fait appel à la grâce. Elle implore la miséricorde. Elle demande à être épargnée. Le jugement est là et Rahab le sait très bien. Mais la grâce aussi est là et cette pécheresse voudrait se placer au bénéfice de cette grâce. "Et maintenant, je vous prie, jurez-moi par l'Éternel, que, puisque j'ai usé de bonté envers vous, vous aussi vous userez de bonté envers la maison de mon père, et vous me donnerez un signe certain..."

Rahab pense sans doute à elle, à sa sécurité, à sa délivrance, à son salut. Elle veut être épargnée. Mais sa foi ne s'arrête pas là. Cette foi ne connaît pas d'étroites limites. Elle ne désire rien moins que le salut de tous les siens. Elle n'avait pourtant pas lu, cette pauvre païenne, le commencement du chapitre 7 du livre de la Genèse, où l'Éternel dit à Noé: "Entre dans l'arche, toi et toute ta maison." Elle n'avait pas lu, et pour cause, le chapitre 16 des Actes des Apôtres: "Tu seras sauvé, toi et ta maison." Aussi la requête que Rahab adresse aux deux espions démontre surabondamment que la foi rend intelligent. Mais celui qui n'a pas la foi est stupide quoique, au fond, il se croit peut-être très sage. Le serment que Rahab réclame des messagers de Josué montre qu'elle a une pleine et entière confiance dans la parole de ces représentants de Jéhovah. Pour elle, ces hommes parlent au Nom de l'Éternel et, si ces espions engagent leur parole à son égard, c'est exactement comme si Dieu s'engageait envers elle. Lecteur, croyez aussi à la véracité du message que les serviteurs de Christ vous apportent. Quels sont ces serviteurs? Qui sont ces messagers? Ce sont les quarante auteurs des soixante-six livres qui constituent le Livre des livres, la sainte Parole de Dieu. Jésus a pu dire: "Sondez les Écritures... ce sont elles qui rendent témoignage de Moi."

Quant au "signe certain" que Rahab réclame et que les espions lui donneront avant leur départ, il est une figure de la personne du Seigneur Jésus. C'est: "l'homme Christ Jésus." Lecteur, arrêtez-vous un instant sur le seuil de l'étable de Bethléhem de Judée. Vous vous souvenez sans doute que l'ange a dit aux bergers qui gardaient leurs troupeaux, parlant du Sauveur qui était né: "Et ceci en est le signe pour vous, c'est que vous trouverez un petit enfant emmailloté et couché dans une crèche" (Luc 2:12). Les bergers sont allés en hâte, et ils ont trouvé Marie et Joseph et le petit enfant comme il leur avait été dit. Oui, un petit enfant dort là son premier sommeil. Il est emmailloté. Il participe au sang et à la chair. C'est "le signe" dont l'ange a parlé. C'est Jésus, le "Sauveur", le "Christ", le "Seigneur". Et Il est "pour vous" a dit le céleste messager. Déjà, le prophète Ésaïe avait parlé de cette manière: "C'est pourquoi le Seigneur, Lui, vous donnera un signe: Voici, la vierge concevra et elle enfantera un fils, et appellera son nom Emmanuel" (Ésaïe 7:14). La prophétie s'est accomplie. Le signe est là. Et quand Joseph et Marie ont apporté dans le Temple le petit enfant Jésus, Siméon, homme juste et pieux, dit à Marie: "Voici, Celui-ci est mis pour la chute et le relèvement de plusieurs en Israël, et pour un signe que l'on contredira... en sorte que les pensées de plusieurs coeurs soient révélées" (Luc 2:34).

Ami lecteur, le Seigneur Jésus est "un signe" pour les bergers, alors qu'Il est couché dans la crèche. Les bergers ont cru. Ils sont allés à Bethléhem en hâte. Ils ont glorifié et loué Dieu. Souvenez-vous que Jésus est un signe que l'on contredira. Est-il cela pour vous? L'avez-vous contredit, ce signe? Oh! s'il en était ainsi, cessez de le faire. Ne le contredisez plus!

La foi de Rahab a eu sa récompense. Cette fille perdue de Jéricho, la païenne, a eu le serment des espions et le signe. Puis-je vous demander si vous possédez aussi ces deux choses? Le serment est ce que Dieu a dit. Le signe est ce que le Dieu bienheureux est devenu... l'homme Christ Jésus.

Considérons la réponse des espions à l'appel que fait Rahab à la miséricorde divine: "Nos vies paieront pour vous". En d'autres termes ces deux hommes se portent garants de la sécurité absolue de Rahab et des siens. Cela est magnifique. Jésus est le garant du pécheur. N'est-il pas écrit: "Sois le garant de ton serviteur pour son bien" (Psaume 119:122). Voilà ce que le psalmiste désirait, souhaitait. Et remarquez, cher lecteur, ces mots: pour son bien. La prière du psalmiste trouve sa réponse dans l'épître aux Hébreux, car celle-ci nous parle "d'une alliance d'autant meilleure que Jésus a été fait le garant" (Hébreux 7:22). Quel garant, quel répondant que Celui du croyant! C'est Jésus et Jésus dans la gloire !

Les messagers de Josué vont quitter la ville dangereuse de Jéricho. Rahab facilite l'évasion. Mais avant de la quitter, les espions remettent à celle qui les a reçus en paix, un cordon de fil écarlate. Ce cordon nous parle du précieux sang de Christ qui seul met à l'abri du jugement qui va balayer ce monde. Le cordon que les espions ont sorti de leur poche n'avait pas été acheté dans une boutique de Jéricho, mais il venait directement du camp d'Israël. Et d'où est venu le Seigneur Jésus? "Le second homme est venu du ciel". La couleur écarlate nous suggère l'efficacité du sacrifice du Seigneur Jésus. C'est la sécurité, la sûreté parfaite que procure le sacrifice expiatoire accompli par Jésus sur la croix. Rahab "attacha le cordon d'écarlate à la fenêtre". Elle confesse ainsi la nécessité du sacrifice et d'autre part proclame qu'elle se trouve au bénéfice de la grâce. La plus misérable fille de Canaan est désormais abritée du jugement qui va fondre sur la ville.

Mais écoutez encore l'ultime et suprême recommandation des espions. "Tu assembleras auprès de toi, dans la maison, ton père, et ta mère, et tes frères, et toute la maison de ton père." Voilà ce que doit faire Rahab, son occupation pendant le court intervalle qui précède l'anéantissement de la ville. Suivons Rahab après le départ des espions. Elle se met tout de suite à l'oeuvre. Elle va chez son père. Oh! combien elle a dû le supplier de se rendre à ses paroles, après lui avoir raconté son entretien avec ceux qui venaient du camp d'Israël. Quel zèle, quelle chaleur dans les instantes supplications de cette femme de foi! Et ses frères, où les trouvera-t-elle? Peut-être sont-ils dans les rangs de l'armée? Puis, il y a ses soeurs et leurs maris, ses neveux et ses nièces. Rien n'arrête cette nouvelle convertie. Elle amènera tous les siens dans sa maison, sur le rempart. Sa maison symbolise désormais la maison de la foi. Lecteur! nous pouvons aussi nous demander "où sont les nôtres?" Sont-ils dans la ville, ou en sûreté dans la maison? Avons-nous amené chacun des nôtres dans la maison? Pensons à l'amour de Rahab pour sa famille, à sa foi, à son dévouement, à son manque total d'égoïsme. Laissons cette femme à sa tâche et retournons un instant au camp d'Israël, à Sittim. Que font les serviteurs? Ils racontent à Josué "tout ce qu'il leur était arrivé." C'est ainsi aussi que plus tard les apôtres "se rassemblèrent auprès de Jésus et ils lui racontèrent tout: et tout ce qu'ils avaient fait, et tout ce qu'ils avaient enseigné".

Nous arrivons au chapitre 6 de ce livre de Josué et nous lisons: "Jéricho était fermée, et avait barré ses portes..." Voyez-vous ces pécheurs retranchés dans leur ville derrière leurs épaisses murailles? Mais que sont ces remparts pour protéger les coupables quand le Juge se présente? Moins que le vide et le néant. Il faut le sang de Christ pour être abrité du jugement de Dieu. Les remparts de l'incrédulité tomberont et les hommes se trouveront en présence de Celui qui "doit juger en justice la terre habitée." L'Éternel dit à Josué: "Vois, j'ai livré en ta main Jéricho..." Puis Dieu indique le plan de l'attaque de la cité coupable: "Vous ferez le tour de la ville, vous tous les hommes de guerre..." Et cela devait être répété pendant six jours. Pourquoi encore attendre? Dieu veut donner une dernière occasion à quelques pécheurs, de trouver la porte de la grâce. "Et le septième jour, vous ferez le tour de la ville sept fois, et les sacrificateurs sonneront des trompettes." Les habitants de Jéricho ont ainsi vu défiler tous les corps d'armée d'Israël. Et il n'y a pas que des guerriers. Il y a aussi l'Arche portée par les sacrificateurs. Les malheureux spectateurs ont pu penser du haut de leurs remparts qu'il s'agissait là uniquement d'une parade militaire. Toutefois, une femme et tous les siens savaient que l'Éternel avait livré le pays. Les moqueries de ses anciens compatriotes devaient briser le coeur de Rahab. Sa foi fut inébranlable. Pauvre monde! Ton sort est aussi désespérément mauvais que celui des Amoréens. Le septième jour, l'ordonnance de la manifestation change. Les hommes d'Israël font sept fois le tour de la ville. Sur le rempart quelques moqueurs de dire: "Ils restent bien longtemps aujourd'hui". Oui, c'est le jour où l'iniquité des Amoréens est arrivée à son comble. Pourtant la plaine est fertile et c'est le temps joyeux de la moisson. Le soleil lance ses plus beaux feux sur une nature en fête. Ce que Dieu a dit à Abraham va s'accomplir envers et contre tout. Savez-vous, cher lecteur, que les ennemis de Christ vont être placés "pour marchepied de ses pieds?" Échéance solennelle pour ceux qui se seront opposés à Lui!

La trompette sonne, le peuple jette un grand cri, la muraille tombe. Le peuple monte dans la ville et exécute le jugement depuis si longtemps annoncé. Une maison a échappé à cette destruction générale. C'est la maison de la foi. C'est la maison de Rahab. Le refuge était sûr, la sécurité était absolue, la sûreté était parfaite. Lecteur, êtes-vous à l'abri de la colère de Dieu? Bientôt les hommes diront: "Paix et sûreté". Mais, "une subite destruction viendra sur eux." Avant qu'il ne soit trop tard, faites comme Rahab. Le jugement est à la porte. Un jour terrible pour les hommes va se lever. Le Seigneur Jésus a dit: "Venez à Moi, vous tous qui vous fatiguez et qui êtes chargés, et Moi, je vous donnerai du repos" (Matthieu 11:28). Mettez-vous l'abri dans la maison de la foi. Puissiez-vous aujourd'hui trouver une sûre retraite dans les bras du Sauveur des pécheurs! Tout le reste croulera: incrédulité, moquerie, raillerie, scepticisme, raisonnements de l'esprit humain. Entrez dans la maison pendant qu'il est temps encore!

Puisse la lecture de ces lignes vous décider maintenant d'accepter Christ comme votre Seigneur personnel.

M. C.

 


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