La sixième Heure


*Retour à la page d'accueil *Retour à la page précédente

 C'est avec joie ou appréhension que les enfants des hommes voient arriver cette heure... MIDI, ou la sixième heure des fils de Jacob. Le laboureur aux champs comme l'ouvrier d'usine prennent généralement, à ce moment-là, un instant de répit.

Alors, ils mangent le morceau de pain mouillé par la sueur de leur front. Des travailleurs se sont acheminés vers leurs foyers. Avec leurs femmes et leurs enfants ils se sont assis autour de la table. Il est doux de pouvoir causer ensemble des incidents qui se sont produits pendant la matinée. Les enfants ont toujours un mot à dire sur l'école... La ménagère fait part aux siens des choses qu'elle a vues et entendues. Cette scène est bien touchante, n'est-ce pas? Et pour chacun de ceux qui connaissent les luttes et les combats de la vie, MIDI est un moment fort agréable. N'y a-t-il pas aussi, parfois, après le repas frugal, une sieste bienfaisante, un vrai moment de repos réparateur? Le moissonneur délaisse un instant ses gerbes; ces épis qui, entre ses mains, ressemblent à un fluide d'or. Lassé, il recherche l'ombre. L'oiseau chante dans l'air. C'EST MIDI.

J'ai dit, il y a un instant, c'est avec crainte que certains voient approcher la sixième heure... Qui sont-ils ceux qui redoutent MIDI? Ah! ce sont les pauvres. Ce sont ceux qui n'ont rien. Quand les ressources sont très réduites, quand la misère s'est installée au foyer, vous le savez aussi bien que moi, lecteur, ce n'est pas avec joie que l'on voit arriver MIDI. Nos coeurs sont émus en pensant à ceux qui ont faim. Il y a de pauvres enfants qui ont l'estomac vide. Ah! que Celui qui est le Conservateur de tous les hommes intervienne en faveur des enfants de la terre. Il y a des nécessiteux. Il y a les miséreux, les déshérités, les affamés, ne l'oublions pas.

MIDI! Ce vocable a toutefois une autre voix pour nos coeurs. Et c'est une voix infiniment grave et solennelle. L'ombre se déplace sur le cadran solaire. L'astre de feu est au méridien. Seuls ceux qui sont étrangers à la ville ignorent qu'un Homme est depuis la troisième heure, c'est-à-dire depuis neuf heures du matin, ÉLEVÉ EN CROIX. Qui est cet Homme? Est-ce un brigand? Est-ce un malfaiteur? Est-ce un meurtrier? Non. C'est Jésus! Il a passé la nuit précédente dans la plus navrante détresse. Où était-Il? À Gethsémané! C'était l'angoisse du combat, la sueur sanglante dans le silence émouvant des ténèbres de la montagne des Oliviers. Maintenant, c'est Golgotha!

Il est là pendu, le Divin supplicié, alors que le soleil monte lentement dans le ciel. Ses mains? Elles sont percées par des clous. Ses pieds? Le marteau manié par une main cruelle a enfoncé le fer préparé pour le Fils de Dieu. Sa tête? Elle est ceinte. Mais ce sont des épines qui écorchent son front. Sa face? Elle conserve encore le souvenir des crachats.

Il parle. Oh! lecteur, écoute sa voix: "Je suis répandu comme de l'eau, et tous mes os se déjoignent; mon coeur est comme de la cire, il est fondu au-dedans de mes entrailles." Sache-le bien: IL EST SAINT. Un brigand crucifié avec Jésus, te le crie: "Celui-ci n'a rien fait qui ne se dût faire." Ce brigand mourait dans la honte. Mais il proclame l'innocence du Sauveur adorable.

Brebis errantes, pourriez-vous rester insensibles en présence d'une telle douleur? Se pourrait-il que la mort de Jésus ne vous touche pas? "N'est-ce rien pour vous tous qui passez par le chemin?" Ah! MIDI n'a apporté aucun repos au Fils de l'homme.

Bien au contraire... Mais qu'est-ce donc? Le ciel, soudainement, se revêt de noirceur. Le pays, tout à coup, sans crépuscule préalable, SE COUVRE DE TÉNÈBRES. La création effrayée devant l'énormité du crime des hommes, devant le meurtre monstrueux dont ils viennent de se rendre coupables, la création prend aussitôt le voile de deuil que le soleil lui présente. Elle se cache. Elle s'ensevelit sous les plis de la nuit. En effet l'Écriture sainte déclare que: "Depuis LA SIXIÈME HEURE, il y eut des ténèbres sur tout le pays, jusqu'à la neuvième heure."

Oh! vous qui, d'un coup d'oeil rapide, prenez connaissance de cet écrit, savez-vous pourquoi au-dessus de la croix il n'y avait qu'une obscurité profonde? JÉSUS ÉTAIT FAIT PÉCHÉ. Comprenez-vous quelque chose du sens de ces mots? Jésus était traité Lui, la Sainte Victime, comme s'Il était le péché odieux. Il était traité selon toutes les rigueurs et selon toutes les exigences de la justice divine. Les acteurs de ce drame affreux, je veux dire les hommes qui ont crucifié le Fils de Dieu, ne sont pas revenus de leur épouvantable forfait. Ils ne se sont pas repentis. Ils n'ont pas pleuré sur leurs péchés. Les ténèbres qui enveloppaient la croix n'ont pas parlé aux coeurs des enfants des hommes. Aussi, le crime demeure entier. Il ne comporte aucune circonstance atténuante. La responsabilité des Juifs et des nations est pleinement établie. Le verdict sera impitoyable au jour du grand règlement des comptes. Jésus d'ailleurs a dit: "Si vous ne croyez pas que c'est moi, vous mourrez dans vos péchés." Il a dit aussi et c'est sur cette dernière sentence que je voudrais maintenant et d'une façon toute spéciale, attirer votre attention: "et VOUS MOURREZ DANS VOTRE PÉCHÉ." Ceci, comme s'il n'y avait au fond pour DIEU qu'UN péché dont les humains se sont rendus coupables... celui d'avoir crucifié le Seigneur Jésus Christ.

Réfléchissez lecteur! Rentrez en vous-même et méditez. Dieu vous adressera-t-Il bientôt cette question: "Qu'as-tu fait de mon Fils?" Avez-vous méprisé Jésus? Avez-vous outragé la grâce? Êtes-vous demeuré insensible en présence de la croix du Golgotha? Votre coeur serait-il d'airain? L'airain se fond au feu. Et votre coeur ne sera-t-il pas aujourd'hui fondu par les flammes de l'amour divin? Écoutez encore...

Dieu donne ses ordres. Dieu n'a jamais donné un ordre sans qu'il ne soit exécuté. Il n'y a que lorsque Dieu ORDONNE AUX HOMMES DE SE REPENTIR, que les pécheurs endurcis répondent: "Je n'ai que faire de la repentance". Dieu lance un commandement pathétique, vibrant! Après bien des siècles à l'ouïe de cette VOIX, mon âme semble défaillir. Nous sommes dans l'obscurité profonde, ne l'oubliez pas. Oh! écoutez cette voix dont l'écho résonne dans mon coeur: "Épée, réveille-toi... FRAPPE LE BERGER..."

L'épée a frappé. Jésus a été frappé de Dieu. Ce n'était pas assez qu'Il fût frappé des hommes. Il a été "frappé de Dieu". Et Lui, l'Homme de ce MIDI unique a pu dire: "Tu m'as mis dans la poussière de la mort." J'étais un pécheur coupable, mais Jésus a pris ma place sous le courroux de Jéhovah. Il s'est substitué à moi sous les coups de la vengeance divine à l'égard du péché. Il a été châtié alors que c'est moi qui aurais dû l'être. Voilà pourquoi depuis ce MIDI de la croix, Jésus est précieux à mon âme. Puis-je vous demander s'Il est précieux à votre âme? A-t-Il une place dans vos souvenirs? Est-Il présent au sein de vos joies?

Vous dites peut-être: "Je suis pauvre, isolé, ignoré; il n'y a personne qui s'inquiète et se soucie de moi." Pensez à Celui qui fut abandonné par Ses disciples et par ceux sur lesquels Il avait déversé les flots de sa bonté. Pensez à Celui qui fut livré pour quelques misérables pièces d'argent. Jésus fut renié par Pierre Mais par-dessus tout, Il fut abandonné par Dieu Lui-même. Quand MIDI sonna, il n'y eut pour le Sauveur aucune table dressée. Il n'eut pas d'encouragements! Il n'eut pas de consolation! Il put porter ses regards, les promener lentement de droite et de gauche, Il ne trouva pas de consolateurs! Il eut accepté une parole ou un regard de sympathie si ces choses lui avaient été adressées. Mais non! Il n'eut personne! Il fut seul... quand MIDI sonna à la grande horloge du ciel. Quand le flambeau splendide parvint au méridien, Jésus fut seul buvant la coupe amère.

On a généralement pitié d'un mourant. La mort commande le respect. On s'incline devant la solennité de la mort. Quand Jésus dit: "J'ai soif." Alors on lui présenta du vinaigre. Il fallait que s'accomplisse l'Écriture qui dit: "Ils ont mis du fiel dans ma nourriture, et dans ma soif ils m'ont abreuvé de vinaigre." De quel opprobre et de quelle amertume fut abreuvé le Fils de Dieu. Rien ne Lui fut épargné et Il ne recula devant rien! Son amour pour nous pouvait aller jusque-là. Que son saint Nom soit à jamais béni, il a été jusque-là. Mais combien sa mort, lecteur, devrait affecter profondément nos coeurs! Comment y penser sans avoir dans nos yeux des larmes de reconnaissance!

Pensons à l'amour du Sauveur, à cet amour qui fut pleinement exprimé lorsque sur l'infâme gibet, Il laissa pour nous sa précieuse vie. Que notre coeur soit brisé, humilié et contrit. N'étions-nous pas tous présents sur le sommet du Calvaire, en cette sombre journée de la croix? Personnellement, sans doute, nous n'étions pas là. Mais ne perdons pas de vue, que nos ambassadeurs étaient là. Nous étions représentés. Et qui étaient nos ambassadeurs? C'était LES SOLDATS ROMAINS. Eux, n'appartenaient pas à la race d'Israël. C'était des gentils. C'était des gens des nations. Nous aussi, je veux dire la plupart d'entre nous sommes des nations. Nous avons eu notre part dans ces terribles souffrances qui furent infligées au Fils de Dieu. La vérité, ami lecteur, c'est que nous nous sommes rendus coupables d'un grand crime. Cette modeste feuille n'a pas d'autre but que de vous en faire souvenir, si vous l'avez oublié.

Laissez la Parole de Dieu agir sur votre âme. Ne rejetez pas les pensées sérieuses que la lecture de cet écrit pourrait vous avoir inspirées. Avant que ne sonnent une fois encore, LES DOUZE COUPS DE MIDI, oh! que vous puissiez dire: "JÉSUS EST MON SAUVEUR, car depuis la sixième heure et jusqu'à la neuvième heure, IL PORTA MES PÉCHÉS EN SON CORPS SUR LE BOIS."

M.C.

De tous les siens Il est abandonné,

Frappé de coups, d'épines couronné:

De Satan, la foule complice,

DEMANDE À GRANDS CRIS SON SUPPLICE.

Il s'est chargé de toutes nos langueurs,

Et sur la croix a porté nos douleurs.

 

Que ce Jésus que NOUS AVONS PERCÉ,

Dans notre coeur par la foi soit placé;

CAR SA MORT, QUI NOUS JUSTIFIE,

Par la foi DEVIENT NOTRE VIE.

Il s'est chargé de toutes nos langueurs,

Et sur la croix a porté nos douleurs.

 


*Retour à la page d'accueil *Retour à la page précédente