SAUVÉS DES BRIGANDS

Il y a quelques années, deux serviteurs de Dieu, nommés Mo et Li, voyageaient ensemble dans une contrée montagneuse près de la ville de Ho T'au (ce qui signifie "Source du fleuve"). Sur leur chemin ils prêchaient l'Évangile dans les villages et les maisons isolées. Ils distribuaient des traités aux gens qu'ils rencontraient ou donnaient des images à ceux qui ne savaient pas lire; ils vendaient pour un prix modique de petits exemplaires de l'un des quatre évangiles à quiconque était disposé à les acheter.

Ils avaient marché toute la matinée, mais dans l'après-midi les villages se firent plus rares, les collines devinrent plus escarpées et le paysage leur parut plus grandiose.

A la fin ils ne virent plus aucune maison, le sentier même disparut entièrement, et nos deux amis durent se laisser glisser en bas de la colline, enlever leurs sandales, retrousser leurs pantalons et suivre le lit de la rivière.

Au bout d'un moment, ils trouvèrent un gué et purent traverser sans peine le cours d'eau. En atteignant l'autre bord ils aperçurent un homme qui se tenait immobile sur le sable et paraissait les surveiller. Ils se dirigèrent aussitôt de son côté, lui offrirent quelques traités et lui demandèrent s'il voulait acheter un évangile.

Il ne répondit pas, mais soudain M. Li remarqua que son compagnon changeait de couleur et se mettait à trembler et, avant même d'avoir vu le grand fusil que l'homme venait de sortir de dessous son manteau, il avait compris qu'ils étaient tombés entre les mains des brigands! En observant il expression cruelle et méchante de cet homme, expression telle qu'il n'en avait jamais vu de semblable auparavant, M. Li fit monter vers Dieu une silencieuse prière pour lui demander que, si telle était sa volonté, Il envoyât son ange pour les délivrer.

En Chine les brigands sont, pour la plupart, des hommes pour lesquels un meurtre ou un vol ne sont rien, des hommes qui ignorent ce que c'est que la pitié.

Celui-ci se mit à questionner les deux chrétiens et, pendant ce temps, ils virent plusieurs individus du même genre, tous armés de fusils, sortir sans bruit de la forêt, et, peu d'instants plus tard, ils étaient complètement entourés par les brigands.

M. Mo et M. Li portaient chacun sur l'épaule un sac contenant leurs livres, traités, etc. Ces sacs furent soigneusement fouillés, et lorsque M. Li les pria d'avoir soin de sa vieille petite Bible parce qu'elle était précieuse, ils la saisirent avidement, mais furent tout aussi prompts à la jeter sous leurs pieds quand ils virent de quoi il s'agissait.

Puis on leur demanda leurs cartes. En Chine, chacun a l'habitude de porter sur soi ce que nous appellerions "des cartes de visite". M. Mo n'en possédait pas, mais M. Li en avait dans son portefeuille avec une certaine somme d'argent, car il avait un long voyage devant lui.

Après le premier moment de frayeur, Dieu avait accordé aux deux amis un grand calme. M. Li ne dit rien et n'essaya pas de sortir son portefeuille, mais M. Mo répondit tranquillement qu'il n'avait pas de carte sur lui et ajouta:

-- Mais j'ai la carte d'un de mes amis qui m'a dit que je rencontrerais peut-être une de ses connaissances dans ces parages.

Tout en parlant, il tendait en effet une carte au chef des brigands. Un nom y était imprimé en gros caractères et, à côté, on lisait la situation officielle du propriétaire. Sur le verso se trouvaient quelques lignes écrites à la main.

Le brigand, étonné, prit la carte et ses compagnons se groupèrent autour de lui pour la regarder. Ils l'examinèrent longuement, la lisant et la relisant plusieurs fois. Puis ils se consultèrent un moment à voix basse, et le chef demanda brusquement:

-- D'où avez-vous cette carte?

-- Une de mes connaissances me l'a donnée et m'a dit que je serais sûr de recevoir aide et protection de la part de celui de ses amis auquel je la montrerais, quel qu'il soit. Nous nous rendons au prochain village. Ne voulez-vous pas nous accompagner avec vos fusils pour nous protéger au cas où nous ferions quelque mauvaise rencontre?

-- Non, répliqua le chef; nous avons à faire d'un autre côté; vous pouvez aller.

Puis il ordonna à ses hommes de rendre tous les livres et traités dont ils s'étaient emparés, et aussitôt après la bande se dispersa dans les bois. Nos amis se hâtèrent de revenir sur leurs pas, et poussèrent un soupir de soulagement lorsqu'ils retrouvèrent le bac qui les ramena dans une région sûre; mais cela les amusa de constater l'étonnement de la vieille femme qui manoeuvrait l'embarcation lorsqu'elle leur demanda:

-- Comment donc avez-vous fait pour revenir sains et saufs d'une contrée pareille?

Cependant elle ne les avait aucunement avertis du danger qu'ils couraient lorsqu'elle les avait fait traverser ce même cours d'eau quelques heures auparavant.

Peut-être quelques-uns de mes lecteurs voyagent-ils sur une route encore bien plus dangereuse, guettés par un ennemi encore beaucoup plus terrible qui cherche à les saisir pour les entraîner dans l'étang de feu pour l'éternité. S'il en est ainsi, soyez avertis maintenant de "fuir la colère à venir".

Mais vous demanderez: "Quelle était donc la carte magique qui sauva ces deux hommes?" Je vais vous l'expliquer. Deux jours auparavant, M. Mo voyageant seul dans une autre direction, avait rencontré un officier supérieur et lui avait donné quelques traités. Celui-ci avait témoigné à M. Mo de l'intérêt et même de la sympathie, mais avait été étonné d'apprendre qu'il voyageait seul et sans armes dans une contrée aussi dangereuse; aussi lui avait-il remis sa carte avec un mot de recommandation au verso en lui disant:

-- Si vous rencontrez soit des soldats, soit des brigands qui veuillent vous faire du mal, montrez-leur cette carte.

Cet homme était le commandant des soldats du district, et son frère était le chef des brigands! Ainsi ils travaillaient ensemble! M. Mo avait pris toute l'affaire comme une plaisanterie, et n'avait pas pensé utiliser la carte. Cependant par bonheur il l'avait dans sa poche, et c'est ainsi que Dieu prit soin de ses serviteurs.

M. Mo a continué à travailler dans cette contrée depuis lors, au milieu de dangers et de difficultés multiples. Il y a beaucoup, beaucoup d'autres serviteurs de Dieu en Chine qui affrontent journellement des périls dont vous ne vous faites aucune idée.

N'est-ce pas un privilège pour ceux qui connaissent et qui aiment le Seigneur Jésus de prier pour tous ces serviteurs -- membres du corps de Christ? Il est dit: "Si un membre souffre, tous les membres souffrent avec lui" (1 Cor. 12:26).

"L'ange de l'Éternel campe autour de ceux qui le craignent, et les délivre." (Ps. 34:7.)


* Retour à la page précédente --- * Retour au début de la page