RACHETÉS A LA DERNIÈRE HEURE

Je faisais une longue course à pied en compagnie d'un ami chinois, et nous suivions un sentier serpentant à travers d'interminables champs de riz lorsque, pour tromper la longueur du chemin, j'eus l'idée de demander:

M. Taam, avez-vous jamais eu quelque aventure avec des brigands?

-- J'ai eu à faire avec les brigands en plusieurs occasions, répondit-il d'un air pensif. Il y a une dizaine d'années, lorsque je n'étais pas encore chrétien, j'habitais loin d'ici, tout au haut de la vallée, là où les montagnes sont resserrées et où les brigands trouvent de nombreuses cachettes. L'hiver avait été particulièrement propice aux bandits, et à ce moment-là, ils détenaient vingt-neuf personnes du voisinage enfermées dans leur forteresse qui était une caverne située au fond d'un étroit défilé. Parmi ces vingt-neuf personnes se trouvait la jeune femme d'un de mes meilleurs amis. Vous pouvez vous imaginer combien ardemment il désirait la délivrer. Les parents des autres prisonniers avaient aussi rassemblé de l'argent pour les racheter. Il fallait une centaine de dollars pour chacun, trois mille dollars en tout pour payer leur rançon. La somme était prête. La difficulté était que personne ne voulait se risquer à l'apporter aux brigands, parce qu'ils avaient une telle réputation de cruauté et de fausseté qu'on supposait qu'ils s'empareraient de l'argent et tueraient le messager.

Alors, continua Taam Sin Shaang comme s'il cherchait à s'excuser, je pensai que la vie d'un homme ne peut se comparer avec celle de vingt-neuf personnes, et je me dis aussi qu'il devait être bien pénible pour cette jeune femme de se trouver dans ce repaire de brigands, ainsi je me proposai pour apporter la somme voulue.

Un ami se joignit à moi et nous emportâmes les deux paniers pleins d'argent à travers l'étroit défilé jusqu'à la caverne. Les brigands sortirent à notre rencontre et il se trouva que notre arrivée était des plus opportune. En effet le chef, qui se comporta à notre égard avec politesse, nous dit en acceptant notre offrande:

-- Il est heureux que vous n'ayez pas tardé davantage à venir, car j'avais ordonné à mes hommes de prendre tous les prisonniers et de les fusiller à l'aube. Maintenant ils peuvent s'en aller libres.

Ils repartirent donc tous avec nous et furent bientôt en sûreté dans leurs maisons.

Combien souvent cette histoire m'est revenue à la mémoire en pensant à Celui qui est le Seigneur du ciel et qui n'a pas seulement risqué sa vie, mais qui l'a donnée pour me racheter. Car j'étais un prisonnier, sous la haïssable domination du péché; et plus que cela, j'étais sous une sentence de mort, car il est écrit: "L'âme qui a péché, celle-là mourra" (Ézéchiel 18:20). Mais Jésus a subi sur la croix le châtiment que j'avais mérité. Il a porté lui-même nos péchés en son corps sur le bois.

"L'Éternel a fait tomber sur lui l'iniquité de nous tous" (Ésaïe 53:6.) Quelles heures sombres Il dut traverser! Quand Il fut cloué sur la croix entre deux malfaiteurs, et qu'Il portait sur Lui le fardeau de nos péchés, Il s'écria: "Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné?"

C'est la valeur de ce sacrifice qui nous délivre.

"Vous avez été rachetés de votre vaine conduite qui vous avait été enseignée par vos pères, non par des choses corruptibles, de l'argent ou de l'or, mais par le sang précieux de Christ" (1 Pierre 1:18, 19).


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