ENCORE JONAS

A des centaines de kilomètres de la ville ouverte à l'Évangile par le moyen du livre de Jonas, vit une vieille femme. Mme Koo, ainsi la nommerons-nous, était en service et passait la plus grande partie de son temps dans la cuisine la plus sombre et la plus enfumée que vous puissiez imaginer. Le plafond et les murs étaient depuis longtemps absolument noirs de suie. De grandes toiles d'araignées pendaient des poutres du toit; et bien qu'elles fussent périodiquement enlevées au moyen d'un long balai, il s'en reformait bientôt de nouvelles. Le sol de la cuisine était fait de briques ainsi que le fourneau, et la partie supérieure de celui-ci était en tuiles rouges au milieu desquelles on avait ménagé un trou. Dans l'un des coins de la pièce, il y avait un tas de bois à brûler; dans un autre, une sorte de bassin ou d'évier. Je ne sais pas si le fourneau avait une cheminée, mais la plus grande partie de la fumée semblait rentrer dans la cuisine; ainsi en tout cas s'il y en avait une, elle ne servait pas à grand-chose.

Tel était l'endroit où s'écoulait l'heureuse et paisible vie de Mme Koo. Heureuse? demanderez-vous. Oui, elle était très heureuse, et elle avait de bonnes raisons pour l'être. Elle connaissait le Sauveur et l'aimait. Il l'avait placée dans cette position, et c'était pour Lui qu'elle accomplissait son travail. Ce ne sont pas les cuisines aux carrelage étincelants, les fourneaux électriques et autres perfectionnements semblables qui rendent les gens heureux; et Mme Koo, dans sa cuisine enfumée, était tout aussi satisfaite qu'une femme chrétienne de nos pays dans sa jolie cuisine claire -- et beaucoup plus heureuse que les femmes qui ne sont pas des chrétiennes, quels que soient les autres avantages qu'elles puissent posséder.

Mais un jour la pauvre Mme Koo tomba malade. Sa jambe la fit beaucoup souffrir, et, les médecins chinois n'étant pas toujours très capables, cela alla de mal en pis jusqu'à ce qu'à la fin elle fut obligée de se faire transporter dans l'hôpital européen. Une autre femme prit sa place de cuisinière et Mme Koo se sentit très triste et quelquefois très isolée.

Quand enfin elle fut assez bien pour quitter l'hôpital, il sembla qu'on n'avait plus besoin d'elle dans la sombre cuisine, et elle en fut encore plus attristée. Mais quelqu'un lui dit:

-- Mme Koo, maintenant que vous en avez le temps, pourquoi n'iriez-vous pas voir les voisines pour leur parler du Sauveur que vous connaissez?

Mais Mme Koo répondit:

-- Non.

Et aussitôt le diable trouva un soi-disant ami pour la décourager complètement.

-- Une personne comme vous irait prêcher? Une simple cuisinière? Impossible.

Et Mme Koo répéta:

-- Non, je ne puis prêcher. Je ne puis parler aux gens du Sauveur, et je ne le ferai pas.

Cette nuit-là, pendant qu'elle dormait, Mme Koo entendit une voix lui dire:

-- Jonas!

Elle s'éveilla à l'instant, et "Jonas! Jonas! Jonas!" continua à retentir à ses oreilles. Elle connaissait l'histoire du prophète qui avait été envoyé par Dieu prêcher aux Ninivites et qui refusa d'obéir. Elle savait tout cela et aussi ce qui arriva ensuite -- et le reste de la nuit elle ne se sentit pas très à son aise.

Personne ne lui reparla de ce sujet, mais la première chose que fit Mme Koo le lendemain matin fut de dire très humblement: "Je suis prête à aller parler du Sauveur aux voisines". Et elle s'en alla en effet visiter les femmes qu'elle connaissait dans leurs petites cuisines obscures et au milieu de leurs peines et de leurs soucis elle apportait souvent un rayon de lumière, la lumière d'en haut, pour éclairer leurs sombres vies.

Il y a quelques jours, j'ai appris que Mme Koo continue à visiter les voisines et que celles-ci aiment à la voir arriver en trottinant. Peut-être pourrez-vous prier le Seigneur de bénir Mme Koo et de lui donner la sagesse et l'amour dont elle a besoin pour parler à ces pauvres femmes ignorantes du Sauveur qui les aime. Je me demande si la même voix dira: "Jonas!" à quelqu'un de mes lecteurs?

 

* Retour à la page précédente --- * Retour au début de la page