"KUM TAÏ" OU LES HABITANTS DES BATEAUX, EN CHINE

Une ville de bateaux à Shanghaï

Vous savez sans doute que la Chine est un immense pays, et que sa population est très nombreuse. Les habitants ne vivent pas tous dans des maisons, mais beaucoup d'entre eux vivent sur l'eau. En Chine il y a un grand nombre de rivières, et, dans le voisinage des villes, ces cours d'eau sont encombrés par les bateaux. Près de Canton, par exemple, c'est à peine si on peut se frayer un passage entre les embarcations. Il y en a de toutes les grandeurs, mais les petites barques sont les plus nombreuses. On a peine à se figurer comment une famille entière peut arriver à se caser dans un espace aussi restreint. Souvent, sur un petit bateau qui n'est pas beaucoup plus grand que ne le serait un canot à rames chez nous, vivent un père et une mère, trois ou quatre enfants, sans parler des grands-parents.

Je dois dire que leur bagage est mince; un ou deux "pais", ou édredons pour les garantir du froid, une natte qui sert de lit, deux ou trois escabeaux, un très petit fourneau de faïence et deux récipients où l'on cuit le riz et les légumes, voilà tout le mobilier de la famille, si vous y ajoutez quelques bols, les bâtonnets indispensables pour porter la nourriture à la bouche. Comme vêtements ils n'ont que ceux qu'ils portent sur leur dos. Mais il est un objet que je ne dois pas oublier de mentionner, c'est l'idole dans sa niche à l'arrière du bateau. Parfois cette idole est simplement taillée au couteau dans le premier morceau de bois venu, mais elle n'en occupe pas moins la place d'honneur; matin et soir on brûle devant elle un bâton d'encens et on lui présente des offrandes de riz et de poisson.

La Parole de Dieu nous dit que les choses sacrifiées aux idoles sont en réalité sacrifiées aux démons (1 Cor. 10:20). Ces pauvres Chinois n'ont jamais entendu parler de Dieu, ni de son grand amour pour l'homme perdu, et ils vivent dans une terreur continuelle des mauvais esprits. Ils cherchent à détourner le sort funeste en offrant aux divinités malfaisantes de la nourriture ou d'autres dons. Ainsi toute cette population des rivières vit dans les ténèbres spirituelles les plus complètes. Des petits enfants naissent sur les bateaux, des vieillards y meurent, et il n'y a aucune connaissance de Dieu au milieu d'eux. Ils descendent très rarement à terre, et ils ne savent pas lire; comment pourraient-ils apprendre?

Eh bien! il y a quelques missionnaires, mais ils sont bien peu nombreux, qui ont à coeur d'instruire ces pauvres gens. Ils vivent dans une barque un peu plus grande que celles qui les entourent et passent leur temps à aller d'un bateau, à l'autre dans un petit canot ou "sampan" afin d'apporter aux pauvres païens la bonne nouvelle de l'amour du Seigneur Jésus.

Il est très difficile d'atteindre le coeur de ces habitants des rivières. Ils sont si ignorants, si peu intelligents! Il faut leur répéter bien souvent les récits de l'Évangile avant qu'ils puissent en comprendre quelque chose. Il est aussi excessivement difficile d'en rassembler quelques-uns pour écouter une prédication, et lorsque l'un d'entre eux semble commencer à saisir quelques bribes de la vérité de Dieu, voilà que son bateau part dans une autre direction et on ne le revoit jamais. Pourtant le bon Berger aime ces pauvres brebis errantes; Il continue à les chercher et, de temps en temps, il y a de la joie dans le ciel pour un marinier qui se repent.

Il faut beaucoup de courage et de dévouement pour vivre au milieu d'une population aussi sale et aussi dépravée. Pour tenir bon, il est nécessaire que le coeur soit rempli par l'amour de Dieu et possédé par un grand désir de gagner les âmes pour Christ,

Supplions le Seigneur afin qu'Il bénisse ces courageux missionnaires et qu'Il leur donne de voir quelque fruit de leur travail.

J'en viens maintenant à l'histoire d'une petite fille qui naquit et passa toute sa vie sur un bateau semblable à ceux que je viens de vous décrire. Elle y vivait avec son père, sa mère, un frère et une petite soeur plus jeune qu'elle. Il est probable qu'un cochon et une demi-douzaine de poules complétaient la famille.

Lorsque Kum Taï était toute petite, elle passait la plus grande partie de son temps sur le dos de sa mère tandis que celle-ci faisait avancer le bateau au moyen d'une longue perche, car il transportait des passagers et des marchandises d'une rive à l'autre du fleuve. Quand l'enfant fut assez grande pour marcher seule, on fixa autour de son cou une sorte de bouée en bois, ou quelquefois on l'attachait par une corde au "pong" ou tente recouvrant le bateau.

Ce fut ainsi que Kum Taï atteignit sa quatrième année, tandis que sa petite soeur avait deux ans. Alors un grand changement survint dans la vie des fillettes. Leur mère avait assisté aux réunions tenues sur la barque des missionnaires; elle fit profession d'être convertie et un jour elle vint demander aux dames qui s'étaient occupées d'elle si elles ne voulaient pas se Charger de ses deux petites filles.

-- Je ne gagne pas assez pour leur acheter du riz, assurait-elle.

Après mûres réflexions les missionnaires accédèrent au désir de la mère. Miss Trent prit la petite soeur sur son bateau et s'en alla à quarante kilomètres en amont. Miss Rowe garda l'aînée. Ce fut un heureux changement pour Kum Taï de vivre sur un grand bateau où elle avait une nourriture abondante, assez de place pour s'ébattre et des vêtements confortables.

Au début elle se montra très difficile à élever. Elle poussait des cris affreux quand on lui refusait quelque chose et, si quelqu'un la mécontentait, elle saisissait un bâton et manifestait sa colère par des coups. Mais peu à peu son caractère s'améliora. Miss Rowe lui parlait de Jésus et elle aimait par dessus tout les histoires de la Bible. Elle en réclamait sans cesse.

Si même un très petit enfant apprend à aimer le Seigneur Jésus, il essaie de Lui faire plaisir; et bientôt Kum Taï devint si douce et si soumise que tout le monde s'attacha à elle.

Elle était pleine de vie et de gaîté et devint un vrai rayon de soleil pour Miss Rowe qui n'avait que des serviteurs chinois avec elle sur le bateau. Kum Taï aimait à chanter des cantiques. Son préféré ressemble à celui que vous connaissez sans doute. "Jésus m'aime, moi petit, oui Lui-même me l'apprit." La mélodie chinoise est très jolie.

Deux années se passèrent ainsi, puis un jour la mère reparut et réclama ses fillettes. Vous ne devineriez pas pour quelle raison elle les redemandait. Elle voulait les vendre! N'est-ce pas affreux? Elle expliqua qu'elle avait besoin d'argent afin d'acheter une femme pour son fils, et qu'elle n'avait pas d'autre moyen de s'en procurer.

Les deux missionnaires furent très tristes. Elles firent tout leur possible pour détourner la femme de son mauvais dessein, mais elle tint bon et ne voulut pas entendre raison. Les deux dames étaient navrées à la pensée que leurs chères fillettes seraient vendues dans des maisons païennes où on leur enseignerait à adorer des idoles et à faire toutes sortes de choses mauvaises. Mais les missionnaires ne possédaient pas l'autorité nécessaire pour empêcher la mère d'agir comme bon lui semblait et elles durent lui rendre les enfants. Avec quelle tristesse elles les virent partir! Les petites de leur côté s'en allaient gaiement, ne comprenant rien à ce qui se passait. Mais lorsque le soir arriva et qu'elles découvrirent qu'elles ne pouvaient plus retourner chez leurs amies, leurs pauvres petits coeurs semblèrent se briser. Elles pleurèrent et sanglotèrent et supplièrent jusqu'à ce qu'il ne leur restât plus de larmes. Enfin elles s'endormirent d'épuisement.

Le coeur de la mère fut ému et elle se dit: "Je rendrai la plus petite". Lorsque l'enfant s'éveilla, elle la ramena au grand bateau, laissant Kum Taï endormie. Les missionnaires et la mère étaient encore en conversation lorsque tout à coup on entendit le bruit d'un corps tombant à l'eau et un grand cri. Pauvre petite Kum Taï! Sans doute avait-elle voulu suivre sa mère, mais on ne sut jamais exactement ce qui s'était passé. Lorsqu'on eut réussi à repêcher le corps de l'enfant, elle avait cessé de vivre.

Nous disons: "Pauvre petite Kum Taï!" Ne devrions-nous pas plutôt nous écrier: "Heureuse petite Kum Taï"? Plus de demeure païenne pour elle maintenant, mais la maison du Père. Le bon Berger ne voulut pas permettre à son petit agneau de s'en aller dans ce milieu corrompu; aussi la reprit-Il auprès de Lui à travers les grandes eaux.

Maintenant je désire demander aux enfants qui ont lu cette histoire vraie pourquoi nous pouvons penser que Kum Taï est auprès du Seigneur Jésus? Serait-ce parce qu'elle était une bonne petite fille? La Bible dit: "Il n'y a personne qui pratique le bien, non pas même un seul". Pas même l'enfant sage qui lit cette histoire. Peut-être serait-ce parce que Kum Taï chantait des cantiques, et répétait des versets bibliques? Non, car alors elle aurait été sauvée par ses oeuvres, et la Bible dit encore: "Non par des oeuvres, afin que personne ne se glorifie". Il n'y a qu'un seul moyen de salut pour les grandes personnes ou pour les petits enfants, c'est le moyen de Dieu. Dieu nous aimait et Il voulait nous avoir auprès de Lui, mais nous ne pouvions pas entrer dans son ciel avec même un seul péché sur nous. Et ainsi, dans son grand amour, Il envoya Son Fils, le Seigneur Jésus Christ, dans ce monde, afin qu'Il portât nos péchés sur la croix. Notre petite Chinoise croyait ces choses, elle aimait Celui qui l'avait sauvée et, parce qu'elle l'aimait, elle désirait toujours entendre parler de Lui et voulait chanter des cantiques pour Le remercier. Elle cherchait aussi à Lui faire plaisir en se montrant douce et obéissante.

Maintenant Kum Taï attend auprès du Seigneur Jésus que nous nous retrouvions tous ensemble dans les places qu'Il a préparées pour nous. Serez-vous du nombre des heureux rachetés qui s'en iront à la rencontre du Seigneur en l'air?


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