"AH SLOU", OU LE PRIX DE LA RANÇON

Ah Slou est une fillette de trois ans et demi. Elle vivait dans un village à six ou sept kilomètres de la ville que nous habitons. Son père possédait une petite ferme, et quoiqu'il fût encore jeune, était le chef de la famille et avait la charge de pourvoir de riz un grand nombre de personnes. Le père d'Ah Slou est un chrétien, mais à l'époque dont je vous parle, il n'y avait pas longtemps qu'il connaissait le Seigneur Jésus et il n'était pas encore très ferme dans la foi. Ah Slou a une vieille grand-mère aveugle qui ne croyait pas en Jésus et adorait encore les idoles. Ah Slou prend soin d'elle et lui donne à manger, quoiqu'elle soit encore si petite.

Depuis six mois les brigands ont fait beaucoup de mal dans la région que nous habitons. Ils sont au nombre de plusieurs milliers, ils ont des fusils, viennent en bandes attaquer les villes et les villages, volent tout ce qu'ils peuvent, incendient souvent les maisons, et emmènent les habitants comme prisonniers. Le village où vit Ah Slou a été attaqué plusieurs fois, et son père a été obligé souvent d'emmener précipitamment toute sa famille passer la nuit sur les collines pour échapper aux brigands. Tout ce qu'il possédait avait été volé, et chaque fois qu'il parvenait à réunir quelques objets, ils lui étaient enlevés de nouveau. A la fin, de désespoir, tous les habitants du village se firent brigands -- ils n'avaient rien à manger, aucun moyen de gagner quelque chose, et si même ils parvenaient à obtenir quelque bien, les brigands revenaient et le leur volaient de nouveau. Je suis fâché de devoir dire que le père d'Ah Slou se fit brigand comme les autres. C'était très mal à lui, mais si vous et moi avions été dans la même position, peut-être n'aurions-nous pas agi autrement. Après avoir exercé ce vilain métier pendant environ une semaine, il se sentit si malheureux qu'il décida de cesser ce genre de vie et de revenir à la ville. (Je suis heureux de dire que, pendant qu'il était avec les brigands, ils n'avaient attaqué aucun village). Sur son chemin de retour à la ville, il rencontra des soldats qui l'arrêtèrent et le mirent en prison. Ses compagnons furent tous fusillés quelques jours après. Le père d'Ah Slou dut assister à l'exécution pour connaître le sort qui l'attendait. C'était très triste et nous étions tous bien malheureux. La vieille grand-mère d'Ah Slou se jeta dans un puits près de sa maison pour se noyer, mais elle fut sauvée par des voisins. Les semaines passèrent et le pauvre homme était toujours en prison, les fers aux pieds. Parfois il était malade, mais les soldats ne le traitaient pas pour cela avec plus de douceur. D'autres hommes autour de lui furent encore mis à mort, mais Dieu prit soin de lui.

A la fin nous apprîmes que, si on payait une grosse somme, il serait libéré. Mais où trouverait-on l'argent? Tout ce que le malheureux possédait avait depuis longtemps été volé. Ses amis cherchèrent à vendre leurs terres, mais personne ne voulait acheter de propriétés dans une contrée pareillement infestée de brigands. Par différents moyens ils arrivèrent pourtant à réunir une somme minime, mais elle n'était pas suffisante. A la fin il fut décidé que la petite Ah Slou serait vendue pour compléter le prix demandé. Ce fut un terrible coup pour tous. Le pauvre père chérissait tendrement son enfant, la mère -- je n'ai pas besoin de vous dire ce qu'elle ressentait -- et le coeur de la pauvre grand-mère fut presque brisé, car la petite fille était toute sa joie. La petite Ah Slou comprenait très bien de quoi il s'agissait, et nous étions tous très tristes pour elle. Elle rapporta une très forte somme pour une enfant aussi jeune, et on put ainsi racheter son père. Mais à quel prix! Sa propre enfant! Et tout cela à cause de son péché! Pouvez-vous imaginer ce que ressentit le père lorsqu'il sortit de prison, libre, mais avec la perspective pénible de devoir racheter sa petite fille? Ceux qui l'ont vu à ce moment-là n'oublieront jamais son expression tandis que, tenant la petite main d'Ah Slou dans la sienne, il la regardait pensivement, sachant bien qu'il n'avait recouvré sa liberté qu'au prix de celle de son enfant.

Il ne s'agissait que d'un péché, mais quel châtiment! Avez-vous jamais réfléchi au châtiment de vos péchés? Peut-être pensez-vous que vous n'en avez pas commis beaucoup. Mes enfants, un seul péché suffit à vous attirer la mort éternelle. Oui, un seul péché, même si vous n'en commettiez point d'autre, vous conduira dans l'étang de feu pour l'éternité. Mais que pouvons-nous faire? N'y a-t-il aucun moyen d'y échapper? Que pouvait faire le père d'Ah Slou, couché dans sa prison avec les fers aux pieds? Rien, absolument rien. Et vous ne pouvez rien faire non plus. Vous avez péché, et la mort: la mort éternelle est ce que vous méritez. Dieu dit que nous sommes sans force. Mais en dehors de la prison, quelqu'un faisait tout son possible pour sauver cet homme de la mort. Sa propre enfant se donnait elle-même et une rançon était payée pour lui. La seule chose qu'il avait à faire était de le croire. Dès l'instant où le gouverneur de la prison eut accepté l'argent, le père d'Ah Slou fut libre. Mais supposez qu'il eût dit: "Oh! je ne puis le croire; comment être sûr que cela me concerne, moi?" Alors il aurait péri en sa prison, même si le prix avait été payé et accepté pour sa rançon. Il en est de même pour vous et moi. Le prix a été payé -- un prix infiniment plus élevé que celui d'un petit enfant -- oui, le Fils unique de Dieu est mort pour nous délivrer. Il a payé la rançon. Dieu a accepté le prix, et la seule chose que nous ayons à faire est de le croire et de Lui rendre grâces.

Mon histoire ne finit heureusement pas là. Quelqu'un qui aimait la petite fille et son père vint racheter l'enfant à un prix plus élevé et la rendit à ses parents. Quelle joie! Mais il y eut une joie bien plus grande encore devant les anges de Dieu lorsque la vieille grand-mère crut en Jésus et fut délivrée du pouvoir de l'ennemi. Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde. Christ a payé la rançon avec son propre sang. Dieu a accepté le prix payé. Tout est accompli. L'avez-vous cru?

"Rachetés par le sang précieux de Christ." (1 Pierre 1:19.)


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