JE NE METTRAI POINT DEHORS

CELUI QUI VIENT À MOI

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-- Khandy, qu'as-tu au bras?

Nous étions rassemblés en famille dans notre maison, et ma mère regardait avec effroi mon bras alors qu'elle servait le repas du soir.

Il est vrai que depuis quelque temps, j'avais remarqué sur mon avant-bras une tache blanche que je n'arrivais pas à faire disparaître, ni en la lavant, ni en la grattant contre les pierres. Mon père aussi regardait avec stupeur la tache blanche sur mon bras.

Depuis ce jour, mes frères m'ont tenu à distance. On m'évitait. Plus personne ne voulait jouer avec moi. Personne surtout ne me touchait. J'ai dû dormir à l'écart, dans un coin de la maison. Jamais plus depuis ce jour ma mère ne m'a pris dans ses bras, pour me parler doucement à l'oreille;

Quelque temps après, c'est au fond du jardin que j'ai dû habiter, dans une cabane de planches, que mon père a construite pour moi.

Des taches blanches, j'en avais maintenant sur tout le corps. Un mot s'était imposé à moi: LÉPREUX, LÉPREUX, j'étais lépreux. Je grandissais et je devenais toujours plus malheureux.

Chaque jour, ma mère venait m'apporter, à distance, un peu de nourriture. Oh comme j'aurais voulu me précipiter vers elle et lui dire: "Maman, maman, je suis toujours ton petit garçon", mais je savais qu'au premier geste, la pauvre se serait enfuie, affolée, à la crainte d'attraper la terrible maladie. Comme elle a dû souffrir elle aussi!

Puis un jour, je n'ai plus pu supporter d'habiter au fond du jardin, d'être nourri comme un chien... alors, je suis parti.

Je ne savais que vaguement jusqu'alors ce qu'était un lépreux. Les lépreux étaient ceux qui venaient mendier leur nourriture à la porte de notre maison. C'était ceux à qui mes camarades et moi avions si souvent jeté des pierres pour les chasser du village. C'était ceux aussi qui, en passant, criaient: "impur, impur" pour qu'on s'éloigne d'eux.

Je suis donc parti, mendiant ici et là un peu de nourriture. J'ai rencontré d'autres lépreux, et nous avons vécu longtemps loin du monde, loin des villes et des villages, loin de ceux qui nous rejetaient et ne voulaient pas de nous.

Un soir, lassé de ma misère, fatigué de cette triste vie qui était pire qu'une mort, je décidai d'en finir avec ma lamentable existence.

Oui, demain, je marcherai jusqu'au fleuve, là je me jetterai à l'eau, et tout sera fini.

Le lendemain matin, j'ai donc pris la direction du fleuve. En traversant les villages, j'ai crié: "impur, impur" pour qu'on s'éloigne de moi. On m'a lancé des pierres, mais bientôt, j'ai vu le fleuve miroiter sous les rayons du soleil. Mon coeur était aussi lourd qu'une pierre.

Mais tout en marchant, j'ai remarqué à une vingtaine de mètres de moi, un vieillard assis sur une pierre plate, au bord du chemin. Ses cheveux et sa barbe brillaient dans le soleil du matin.

Je m'apprêtais à faire un détour pour éviter qu'il ne me lance une pierre ou ne crache dans ma direction, mais au contraire, le vieillard m'appela doucement: "lépreux, lépreux, viens ici!".

Craintif, je m'approchai et le vieillard m'invita à m'asseoir à côté de lui. Il me parla doucement... de ma maladie; il me parla aussi d'une autre maladie qui rongeait mon coeur et qui s'appelle le péché. Il me parla d'un endroit où on soigne les lépreux comme moi, mais il me parla aussi d'un certain Jésus qui pouvait guérir la maladie de mon coeur. Je sentis mon coeur se briser et des larmes me monter aux yeux. Je cachai mon visage dans mes mains et je restai ainsi longtemps, n'osant lever la tête. Quand enfin je me redressai, le vieillard était parti.

Je regardai la campagne autour de moi. Quelque chose avait changé: la lumière semblait plus pure, le soleil plus radieux. Mais surtout quelque chose s'était allumé en moi, et ce quelque chose c'était de l'espoir.

Le vieillard m'avait indiqué un endroit appelé "léproserie". Oui, je voulais y aller; J'ai longtemps marché, j'ai beaucoup cherché. Quand enfin j'ai découvert le lieu indiqué, je me suis trouvé devant un grand bâtiment blanc. Rempli de crainte, j'ai hésité à frapper à la porte; Allait-on me chasser comme tant et tant de fois je l'avais été? Je finis par frapper.

On m'a ouvert, on m'a souri, et on m'a fait entrer. On ne m'a pas demandé beaucoup d'explications, mais un médecin m'a examiné, n'hésitant pas à me toucher de ses propres mains, les passant sur les endroits malades. On m'a gardé dans cette maison et on m'a soigné.

Un jour, une des personnes qui s'occupaient de moi m'a donné un livre.

-- Lisez-le, m'a-t-elle dit avec un bon sourire, c'est la Bible, la Parole de Dieu.

D'abord je n'ai pas saisi grand chose de ma lecture. Mais un soir, j'ai lu ce que Jésus dit: "Je ne mettrai point dehors celui qui vient à moi". Alors j'ai compris que le vieillard là-bas qui m'avait appelé près de lui, sur le chemin, et celui qui m'avait ouvert la porte de la léproserie, et aussi le médecin et tous ceux qui s'occupaient tous les jours de moi, ils avaient tous le même maître: Jésus. Si c'est à cause de Jésus qu'ils m'ont accueilli et qu'ils me soignent avec tant de dévouement, alors ça vaut la peine de Le connaître, Lui, Jésus, le Maître. Lui pourra me guérir du péché qui me ronge.

Ce soir-là, pour la première fois de ma vie, j'ai prié et Jésus m'a ouvert. À la léproserie on m'a donné des médicaments pour soigner ma lèpre, Jésus, Lui, a donné Sa vie sur une croix pour guérir mon coeur. Aujourd'hui, je suis délivré de ma lèpre.

Je pourrais vous raconter avec quelle joie mes parents m'ont accueilli, quand je suis retourné à la maison, je pourrais aussi vous raconter comment, maintenant, moi aussi, j'aide à soigner les lépreux, mais ce que je voudrais vous dire avant tout, c'est que Jésus m'a aimé, qu'Il m'a pardonné tous mes péchés. Oh si beaucoup pouvaient encore apprendre à connaître Celui qui dit: "Je ne mettrai point dehors celui qui vient à moi"! (Évangile selon Jean chapitre 6 verset 37).

 


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