"Bruno, Bruno!"
Une fenêtre du 1er étage de la maison jaune s'ouvre et la tête de Bruno apparaît dans l'encadrement. Il sourit à Cédric, son copain qui l'appelle depuis le trottoir d'en face.
-- Viens Bruno! on va faire un tour à vélo.
-- Il faut que je termine mes devoirs et je viendrai tout de suite si maman me le permet, répond Bruno toujours depuis sa fenêtre.
On ne peut imaginer meilleurs amis que Cédric et Bruno. Ils habitent la même rue, vont à la même école, sont dans la même classe et s'entendent parfaitement.
Ils sont si différents pourtant!
Bruno sait que si son vélo est cassé, Cédric n'a pas son pareil pour réparer un frein ou détordre une fourche faussée. Mais Cédric sait, lui, qu'il peut toujours sonner chez Bruno lorsqu'il n'arrive pas à faire ses devoirs. Bruno, patiemment, lui expliquera.
Bruno et Cédric n'imaginent pas qu'ils pourraient un jour vivre l'un sans l'autre.
Pourtant la vie sépare...
Elle a commencé à les séparer lorsque Cédric a redoublé et qu'ils ne se sont plus trouvés dans la même classe. Ils se sont alors, rencontrés moins souvent sur le chemin de l'école.
Et puis ce qui a pesé si lourd sur leur coeur à chacun, c'est quand un énorme camion de déménagement s'est arrêté devant la porte du logement de Bruno. Cédric sait que son copain déménage à plusieurs kilomètres de là.
-- On se reverra souvent! lui a promis solennellement Bruno.
Mais bien qu'ils se soient retrouvés de temps en temps le mercredi après-midi, ils savent tous les deux que rien ne sera plus jamais comme avant.
Inexorablement la vie les a séparés.
Quelques années plus tard, Cédric s'est retrouvé en apprentissage chez un électricien pour apprendre le métier. Tout en travaillant il pense encore de temps en temps à son vieux copain Bruno et se souvient avec bonheur des souvenirs heureux de leur enfance lorsqu'ils habitaient ensemble et se voyaient tout le temps.
Non, ils ne se voient plus du tout et Cédric ignore même où est Bruno et ce qu'il fait.
Après son apprentissage, Cédric a été embauché dans une grande entreprise. Le soir, il se retrouve seul, après le travail dans la petite chambre qu'il a louée. Il s'ennuie...
Aussi pour rompre avec sa solitude qui lui pèse de plus en plus, Cédric a commencé à fréquenter le café d'en face.
Il s'y est fait quelques amis. Or un jour, il a fait la connaissance de quelques jeunes de son âge qui, de prime abord, lui ont paru particulièrement sympathiques. Ses nouveaux amis lui ont expliqué à demi mots, qu'il y avait moyen de gagner de l'argent plus facilement qu'avec un tournevis d'électricien. Que ce que les gens ne voulaient pas donner, il suffisait de le leur prendre.
C'est parce que Cédric s'est laissé convaincre et entraîner par ses nouveaux amis, qu'il s'est retrouvé un jour, menottes aux mains entre deux policiers. Oui, il a été arrêté lors d'un vol dans une banque.
Plongé dans ses réflexions, Cédric sait qu'il lui faudra comparaître devant le tribunal pour y être jugé. Il risque d'être condamné à une lourde peine, peut-être une amende dont il est bien incapable de payer le premier sou.
Le jour du jugement est arrivé. Encadré par deux policiers, Cédric a été introduit dans le tribunal.
D'abord il n'a rien vu qu'une grande salle froide dans laquelle sont assises plusieurs personnes.
Mais tout à coup, son sang s'est glacé dans ses veines. Il a vu... vu là-bas où sont assis les juges en robes noires, celui du milieu... c'est Bruno!
Bruno le regarde de ses mêmes yeux bleus d'autrefois, mais sans qu'ils soient éclairés par cette chaude lueur d'amitié que Cédric connaissait si bien lorsqu'ils étaient enfants.
Cédric voudrait l'interpeller
-- Bruno, c'est moi, ton copain, ne me reconnais-tu pas?
Lentement on énumère son nom, son adresse puis les charges retenues contre lui.
Puis, comme dans un cauchemar dont il ne parviendrait pas à sortir, Cédric entend la sentence prononcée par son ancien camarade: de la prison avec sursis et une amende plus lourde que tout ce que Cédric avait imaginé. Il reste anéanti.
Quelques heures ont passé. Cédric a été remis en liberté et renvoyé chez lui. Assis sur le bord de son lit, dans sa petite chambre, la tête dans les mains, il se demande comment il va faire pour payer l'énorme amende qu'on lui a infligée. Perdu dans ses sombres pensées, Cédric entend à peine qu'on frappe à la porte:
-- Entrez!
La porte s'ouvre doucement: Bruno! Mais pas le Bruno en robe de juge dont les yeux vous glacent et dont la voix résonne sinistrement dans la salle du tribunal, non mais le Bruno, les yeux pétillants d'une chaude amitié.
-- Est-ce que je peux entrer?
-- Comme tu veux, lance Cédric d'un ton rogue.
Mais le Bruno qui vient s'asseoir en face de lui ne ressemble en rien au Bruno du tribunal. Non, c'est le Bruno d'autrefois avec sa voix chaude qui se présente comme le bon copain de jadis. Et, alors qu'ils causent tous les deux de choses et d'autres, Cédric se dit que Bruno finalement n'a pas tellement changé. Est-ce vraiment le même homme qui siégeait, il y a à peine quelques heures au tribunal? Est-ce vraiment lui qui a prononcé la terrible sentence?
Mais Bruno est devenu grave subitement:
-- Que penses-tu faire maintenant? demande-t-il.
L'espace d'un instant, Cédric est tenté de lui lancer à la tête:
-- Je vais essayer de payer l'amende que tu m'as collée.
Mais il n'a pas le temps d'être désagréable, car déjà Bruno enchaîne:
-- Écoute, j'ai acheté une maison entourée d'un immense jardin. Tu me connais, tu sais que je ne suis pas très fort pour le jardinage. Ce serait vraiment super si tu voulais venir t'en occuper. Nous habiterions ensemble, dans la même propriété et ce serait alors un peu comme autrefois.
Cédric lève la tête. Il rencontre le regard de Bruno qui le regarde interrogateur, comme autrefois quand il lui demandait de réparer son vélo.
-- Mais l'amende? balbutie-t-il.
-- L'amende? elle est payée!
Bruno dit cela simplement comme quelque chose de tout naturel.
-- Alors, tu viens?
Cédric commence alors à rêver. Cette propriété, il la voit avec son immense jardin. Il a toujours aimé s'occuper de jardinage.
Et lorsque Cédric quitte pour toujours sa mansarde pour suivre Bruno dans l'escalier, il réalise que celui qui l'a condamné ce matin au tribunal, celui qui a payé l'amende et celui chez lequel il va habiter désormais, c'est une seule et même personne: Bruno son copain de toujours.
Jésus est l'ami de toujours. C'est comme Dieu qu'il a prononcé une terrible condamnation contre les péchés que nous avons commis. Mais c'est lui aussi qui en a porté la punition, lorsque sur la croix, il est mort à notre place, à ta place. C'est encore lui qui invite chacun de nous à vivre en relation avec lui. Il ouvre son ciel, comme Bruno sa nouvelle maison, à ceux pour lesquels il a donné sa vie. Connais-tu l'ami de toujours? Connais-tu le Seigneur Jésus?