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ATTACHÉS AU SEIGNEUR
(Actes 11)


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Il est remarquable de voir que ce chapitre des Actes contient le premier compte rendu de la conversion des Gentils. La bonté et la grâce souveraine reçoivent de pauvres pécheurs qui ne pouvaient même pas se prévaloir des promesses que Dieu avait données aux Juifs. C'est à ceux-là que Barnabas adresse l'exhortation contenue dans ce verset 23: "Il les exhortait tous à demeurer attachés au Seigneur de tout leur coeur." Ce qui avait été enseigné à Pierre au sujet des Gentils dans ces chapitres, nous avons tous à l'apprendre pour nous-mêmes.

Quand les bonnes nouvelles de la grâce et du pardon atteignent, pour la première fois, les oreilles et le coeur d'un pécheur, il se réjouit avec raison à la pensée du pardon de ses péchés. Jésus, le Fils béni de Dieu, l'a rencontré en grâce, dans l'efficace de Son précieux sang. Et, en même temps, la lumière a pénétré dans son âme. Si, avant d'avoir trouvé le bonheur, son âme a été profondément convaincue de péché, sa paix n'en sera que plus fermement établie. Le péché auquel la grâce s'applique était en une certaine mesure déjà connu. Mais quand par la proclamation du pardon de Dieu, l'âme a éprouvé soudain une grande joie, tout en n'ayant eu qu'une très faible conviction de la gravité du péché (il y a toujours après la conversion la découverte que nous sommes pécheurs), il y a peu de connaissance de la profondeur du péché dans notre coeur et l'on se doute peu de ce qu'il y a à pardonner et à purifier en nous. C'est pourquoi, après que Dieu nous ait appelés et que la lumière divine ait pénétré nos âmes, nous nous sentons troublés et incertains, et même quelquefois, nous commençons à douter du fait que nous sommes purifiés. C'est une erreur. La découverte de la profondeur du péché en nous, de même que la connaissance de notre propre coeur sont nécessaires. Si nous marchons humblement près de Dieu, nous apprendrons ces choses, en quelque sorte paisiblement; sinon, ce sera dans l'humiliation et dans la chute. Mais vous ne pouvez pas appeler impur ce que Dieu a purifié. Dieu nous a apporté ici-bas, la purification et le pardon. Pour les posséder, nous n'avons pas à attendre d'être au ciel. Dieu vous a purifiés. Vous êtes maintenant purifiés. Je désirerais vous amener à examiner plus profondément ces choses et à mieux saisir ce que Dieu a fait: un exercice de conscience en profondeur afin que votre paix soit aussi solide que votre joie a été véritable quand, pour la première fois, vous avez entendu parler de la grâce et du pardon.

Le chapitre 15 de Luc montre ce grand principe, qu'il y a de la joie pour Dieu quand nous sommes amenés à Lui. Il y a naturellement aussi la joie pour le pécheur pardonné, mais ce n'est pas le plus important. Le but des trois paraboles n'est pas de nous donner un tableau de notre joie à nous, mais de celle de Dieu et du ciel tout entier quand nous sommes pardonnés. Les trois paraboles présentent la même grâce, mais elles nous montrent, je crois, la joie du Fils, celle du Saint Esprit et celle du Père.

Et remarquez que dans les deux premières nous sommes en présence d'une grâce qui cherche et qui trouve ce qui est perdu sans qu'il y soit question de l'état de l'âme de celui qui est perdu. Dans la troisième, nous voyons l'égarement d'un homme jusque dans la plus vile dégradation du péché et ce qui se passe dans son âme quand il revient, jusqu'à ce qu'il soit revêtu de justice divine, avec Christ dans la maison de son Père. Dieu a prévu et préparé tout ce qui était nécessaire pour le pécheur si bas que soit son état.

Le fils prodigue était autant pécheur quand il quittait la maison du père que lorsqu'il désirait remplir son ventre des gousses que les pourceaux mangeaient. Il avait abandonné Dieu pour faire sa propre volonté. Mais le Seigneur a les yeux sur lui, Il le laisse aller jusqu'à la complète dégradation du péché -- car le péché dégrade l'homme. Le jeune homme revient à lui-même, se tourne vers Dieu; c'est la conversion, mais il n'a pas encore rencontré Dieu et n'a pas encore été revêtu de la plus belle robe. Il ne connaissait pas dans sa conscience la justice divine. Quand, dans ses haillons, il rencontre son père, il est non seulement accueilli dans les bras de son père avec un tendre amour, amour d'autant plus grand qu'il s'applique à quelqu'un qui était perdu, mais il est rendu digne d'être reçu dans la maison, il est revêtu de Christ. Quand il était encore dans ses haillons, son père pouvait se jeter à son cou, mais le fils ne pouvait pas être reçu dans la maison dans cet état. Dieu a préparé ainsi pour le pécheur ce qu'Adam dans l'innocence n'avait pas: Christ. La grâce règne par la justice de Christ (Rom. 5,15-21). La plus belle robe, qui ne faisait pas partie du bien qui revenait au fils avant qu'il eût laissé la maison paternelle, lui est maintenant donnée; il en est revêtu, et il est ainsi rendu digne de la maison à laquelle cette robe appartient. L'oeuvre de Christ a répondu à tout ce qu'impliquait l'éloignement d'une âme de Dieu. L'âme peut être exercée à ce sujet et elle le sera jusqu'à ce que la pensée que le moi puisse se tenir devant Dieu soit complètement abandonnée: on n'entre pas devant Dieu comme un mercenaire. Devant Dieu c'est, ou garder ses haillons et être exclu, ou se laisser revêtir de la plus belle robe et être admis avec joie. Toute véritable expérience nous conduit à l'abandon du moi, à ce que Christ soit tout, et à ce que nous soyons en Lui devant Dieu. Alors, comme je l'ai dit, notre paix devient aussi solide que notre joie a été grande à la pensée du pardon de nos péchés, et la joie elle-même est maintenant plus profonde sinon plus vraie.

Une autre vérité accompagne ceci: Dieu nous ayant parfaitement purifiés par le sang de Christ, l'Esprit habite dans nos coeurs purifiés. "Car tous ceux qui sont conduits par l'Esprit de Dieu ceux-là sont fils de Dieu." (Rom. 8,14.) L'Esprit nous donne conscience de notre relation avec Lui comme Ses enfants bien-aimés. "Et parce que vous êtes fils, Dieu a envoyé l'Esprit de son Fils dans nos coeurs, criant: Abba, Père" (Gal. 4,6). Quelle sorte de gens devrions-nous donc être, nous qui sommes les temples du Saint Esprit? Voilà une question que nous ferions bien de nous poser continuellement. Et ne laissons pas nos manquements nous faire douter que nous avons le Saint Esprit. Aussi bas qu'étaient tombés les Galates, ils n'ont jamais douté qu'ils avaient l'Esprit de Dieu; mais ils étaient dans l'erreur quant au fondement même de leur position et à 1a manière dont ils avaient reçu l'Esprit; de sorte que l'apôtre doit leur demander: "Avez-vous reçu l'Esprit sur le principe des oeuvres de loi, ou de l'ouïe de la foi?" (Gal. 3,2). Nous avons été "scellés du Saint Esprit de la promesse qui est les arrhes de notre héritage" (Éph.1,13-14). Nous avons la vie aussi sûrement que Christ vit, mais nous ne sommes pas encore dans le ciel. Bien sûr le brigand sur la croix eut le privilège d'être introduit dans le paradis le jour-même où il a cru et il y fut le premier compagnon de Christ. Nous n'attendons pas un départ immédiat, mais nous sommes sur le même terrain; nous sommes tout aussi réellement sauvés quoique nous ne soyons pas introduits immédiatement dans le ciel. Nous avons à traverser ce monde mauvais, et à le traverser comme étant crucifiés avec Christ, comme morts mais aussi ressuscités, à le traverser avec le Saint Esprit habitant en nous. Prenez garde de ne pas attrister cet Esprit.

Vous avez à traverser le monde en portant sur vous le Nom de Christ. Prenez garde de ne pas attirer l'opprobre sur ce nom béni par vos inconséquences. Le monde serait prompt à dire: "c'est ça les chrétiens!" Vous avez à traverser le monde avec Dieu demeurant en vous, à porter ce trésor dans un vase de terre, et ce trésor vous est confié car vous êtes "une habitation de Dieu par l'Esprit" (Éph. 2,22). Évidemment, c'est seulement par Sa grâce que vous pouvez porter un tel trésor au travers d'un monde mauvais; mais il y a de la puissance en Christ pour vous, il y a ce tout ce qu'il vous faut en Christ pour tout ce qu'Il veut que vous fassiez ou que vous soyez.

Barnabas "les exhortait à demeurer attachés au Seigneur". Appuyez-vous sur Lui! Quelques uns peuvent avoir une longue période de joie après leur conversion, mais Dieu connaît nos coeurs, et avec quelle facilité nous pourrions nous appuyer sur notre joie au lieu de nous appuyer sur Christ. C'est Lui qui est notre but, la joie n'est pas notre but. Que votre joie ne vous conduise pas à oublier la source de la joie; alors votre joie n'aura pas de raison de diminuer. Cette joie est juste et précieuse à sa place, que Dieu me garde de dire un seul mot contre elle. Mais je vous mets en garde: ne vous reposez pas sur elle. Ne comptez pas sur elle pour avoir de la force. Il y a un danger dans la joie, aussi réelle soit-elle, c'est qu'elle vous fasse oublier combien vous avez besoin du Seigneur pour chaque instant de votre vie. Comptez sur Lui, appuyez-vous sur Lui, attachez-vous à Lui de tout votre coeur! Ne vous contentez pas d'être heureux (et puissiez-vous l'être toujours davantage), mais, avec Paul, oubliez "les choses qui sont derrière," tendez "avec effort vers celles qui sont devant" (Phil. 3,14). J'ai vu beaucoup de chrétiens qui étaient tellement pleins de joie qu'ils pensaient n'avoir plus rien à faire avec le péché. C'est vrai que le péché ne domine plus sur vous, mais la chair est en vous jusqu'à la fin. Le vieux tronc est là, et vous verrez que si vous n'êtes pas vigilants, si la vie divine n'est pas nourrie et cultivée dans vos coeurs en regardant à Christ et en vous nourrissant de Lui, il produira des bourgeons; et alors il faudra les arracher dès qu'ils paraîtront. Aucun bon fruit ne peut provenir du vieux tronc. C'est la nouvelle vie qui porte du fruit pour Dieu. Mais quoique la chair soit en vous, ne vous occupez pas d'elle mais de Christ; attachez-vous à Lui et que vos âmes soient maintenues dans cette vérité: c'est Christ qui est votre vie; Il est tellement votre vie que pour que vous puissiez périr il faudrait que Christ meure à nouveau, ce qui est impossible (Rom. 6,8-11) (une telle pensée est blasphématoire). Et de même qu'Il est votre vie, Il en est aussi le but. "Et ce que je vis maintenant dans la chair, je le vis dans la foi, la foi au Fils de Dieu, qui m'a aimé et qui s'est livré Lui-même pour moi" (Gal. 2,20). A mesure que vous croissez dans Sa connaissance, votre joie croît en profondeur. Je connais plus ou moins Christ depuis près de quarante ans, et je puis dire que j'ai dix mille fois plus de joie maintenant que je n'en avais au commencement. C'est une joie plus profonde et plus calme. L'eau qui tombe en cascade d'une montagne est agréable à contempler et fait beaucoup de bruit, mais vous verrez que l'eau qui court dans la plaine est plus profonde, plus paisible et plus fertilisante.

Remarquez c'est de tout leur coeur que les nouveaux convertis étaient exhortés à demeurer attachés au Seigneur. Un coeur distrait est la calamité du chrétien. Quand mon coeur est plein de Christ, je n'ai plus ni coeur ni yeux pour les détritus du monde. Si Christ habite dans votre coeur par la foi, il ne sera plus question pour vous de dire: Quel mal y a-t-il à faire ceci ou cela? Mais vous direz: Puis-je faire cela avec Christ? Christ sera-t-Il avec moi en ceci? Si vous êtes en communion avec Lui, vous rejetterez promptement ce qui n'est pas de Lui. Ne laissez pas le monde s'introduire dans vos pensées pour les distraire. Je parle spécialement aux jeunes chrétiens. Nous qui sommes plus âgés, nous avons plus d'expérience de ce qu'est le monde et de ce qu'il vaut; il cherche à briller devant vous en essayant de vous attirer. Dans quel autre but remplit-il ses vitrines? Ses sourires sont trompeurs, et pourtant il vous sourit. Il fait beaucoup de promesses qu'il ne peut tenir, mais il les fait quand même. Vos coeurs sont trop grands pour le monde, il ne peut les remplir; vos coeurs sont trop petits pour Christ, car Il remplit le ciel; et Il veut remplir vos coeurs jusqu'à les faire déborder.

Remarquez encore que c'est au Seigneur qu'il s'agit de s'attacher, et non au devoir, à la loi ou aux ordonnances, quoique ces choses soient bonnes à leur place, mais il faut s'attacher au Seigneur. Il sait combien le coeur est trompeur et avec quelle facilité il mettrait n'importe quoi à Sa place à Lui. Vous aurez à apprendre ce qu'il y a dans votre coeur. Demeurez avec Dieu, et vous apprendrez ce qu'est votre coeur avec Lui, avec Sa grâce; autrement vous aurez à l'apprendre avec le diable en étant vaincus par ses tentations. Mais Dieu est fidèle, et si vous vous êtes éloignés de Lui, de sorte que d'autres choses aient pénétré en vous pour former une sorte de carapace autour de votre coeur, et que vous vouliez revenir, Dieu dit: "Qu'est-ce que cette carapace? Je dois vous amener à régler ces choses et à vous en débarrasser". Souvenez-vous que Christ vous a rachetés par Son propre sang pour que vous soyez à Lui et non pas au monde. Nier cela est une ruse du diable. Ne laissez pas le diable s'interposer entre vous et la grâce de Dieu. Quelque négligents que vous ayez été, aussi loin que vous ayez pu vous écarter de Lui, revenez à Lui. Ne doutez pas de Sa joie de vous voir revenir; comptez sur Son amour; considérez avec horreur le péché qui vous a égarés, mais ne L'affligez pas, Lui, en doutant de Son amour, pas plus que vous ne mettriez en doute l'affection de vos proches parce que vous avez été désagréables avec eux. Haïssez votre moi, mais souvenez-vous combien Lui vous a aimés et souvenez-vous qu'Il vous aimera jusqu'à la fin. Ne manquez pas de confiance dans Son oeuvre; ne manquez pas de confiance dans Son amour. "Dieu a donc, en effet, donné aux nations la repentance pour la vie!" (verset 18). Tout est de Dieu.

Je voudrais placer devant vous trois choses qui vous sont données par grâce. Premièrement, l'attachement au Seigneur; deuxièmement: un pardon parfait; troisièmement: une conscience purifiée. Pour illustrer la dernière, prenez le cas de Pierre. Il avait renié son Seigneur; il L'avait renié devant une servante; mais le Seigneur s'était retourné et l'avait regardé, et Pierre était sorti et avait pleuré amèrement. Quelques semaines après il pouvait dire aux Juifs qu'ils étaient un peuple perdu et ruiné parce qu'ils avaient "renié le Saint et le Juste" (Actes 3,14). C'était précisément ce qu'il avait fait lui-même d'une manière bien pire qu'eux, lui qui avait vécu avec le Seigneur comme son ami pendant trois ans. Mais sa conscience était purifiée; il savait qu'il était pardonné; et maintenant il pouvait sans crainte dénoncer chez les autres le péché qu'il avait commis lui-même.

Encore un mot. Entretenez-vous avec Christ. Ne soyez jamais satisfaits sans être capables de marcher et de parler avec Christ comme avec un tendre ami. Ne soyez pas satisfaits tant que n'aurez pas d'intimes communications avec Celui qui vous a aimés d'un tel amour!

J.N.D.

 

 


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