L'ADORATION


*Retour à la page d'accueil --- *Retour à la page précédente

Mon cher --,

Ayant considéré ensemble quel est "le lieu où il faut adorer" (Jean 4:20) nous pouvons nous occuper de l'adoration proprement dite. Bien que les Écritures soient remplies d'instructions à ce sujet, il y a peu de vérités à l'égard desquelles ceux qui professent être chrétiens montrent autant d'indifférence, et même d'ignorance. Je dirais même que le vrai caractère de l'adoration est rarement compris par les croyants qui ne sont pas sortis vers le Seigneur. Je ne veux pas dire que des croyants ne puissent trouver leur joie à adorer Dieu individuellement; il s'est toujours trouvé dans l'histoire de l'Église des âmes ainsi disposées. Mais ce que je relève, c'est que l'adoration collective des saints, l'adoration en assemblée, est une chose absolument inconnue de l'ensemble des diverses dénominations chrétiennes. Par exemple, un évangéliste très connu écrit dans son livre que l'une des formes d'adoration la plus élevée consiste à écouter des sermons. Et il appuie cette surprenante affirmation sur le fait que la prédication stimule les plus saintes aspirations de l'âme. Personne ne niera que la présentation de la vérité puisse conduire à l'adoration. Mais un petit enfant saisirait facilement la différence entre entendre un sermon et adorer. S'il prêche les vérités divines, le serviteur est là pour s'adresser de Sa part à ceux qui écoutent. Dans l'adoration, au contraire, les saints sont amenés dans la présence de Dieu pour Lui apporter leur adoration et leur louange.

Les deux choses sont donc d'un caractère essentiellement différent.

La prière n'est pas non plus l'adoration. Un suppliant n'est évidemment pas un adorateur. Si j'adresse une pétition au roi, je me présente à lui dans le caractère de demandeur. Mais si je suis admis devant lui pour lui rendre hommage, l'audience n'a plus du tout le même caractère. Ainsi, lorsque les chrétiens se réunissent pour la prière et l'intercession, ils sont devant Dieu comme ceux qui recherchent sa bénédiction. Tandis que lorsque nous sommes réunis pour l'adoration, nous nous inclinons devant Lui en adoration, nous offrons plus que nous ne recevons; nous sommes devant Lui, à Ses pieds, ne manquant de rien, mais avec des coeurs débordants d'adoration.

Les actions de grâces sont intimement liées à l'adoration, quoique n'en constituant pas l'essence. Les actions de grâces découlent des bénédictions reçues, soit par la rédemption, soit par tous les soins de Dieu. Le sentiment de la bonté et de la grâce de Dieu, qui nous a bénis de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Christ, nous pousse à exprimer notre reconnaissance dans la présence du Seigneur. Nous sommes tout naturellement conduits à penser aux merveilleux caractères de Dieu qui trouve Ses délices à nous entourer des preuves de Son amour et de Ses soins. En conséquence, les actions de grâces mènent à l'adoration.

Mais dans l'adoration -- au sens propre du terme -- nous perdons de vue nous-mêmes et nos bénédictions, et nous sommes occupés de ce que Dieu est en Lui-même, de ce qu'Il est pour nous, révélé en Christ. Conduits par le Saint Esprit, nous sortons de nous-mêmes et contemplons Dieu dans tous Ses attributs et Ses gloires. Car "Personne ne vit jamais Dieu; le Fils unique, qui est dans le sein du Père, Lui, L'a fait connaître" (Jean 1:18). Et confondus devant le déploiement de Sa majesté, de Sa sainteté, de Son amour, de Sa miséricorde, de Sa grâce, nous ne pouvons faire autrement que de tomber à Ses pieds pour lui offrir l'hommage de nos coeurs, dans et par notre Seigneur Jésus Christ. "A Lui gloire dans l'assemblée, dans le Christ Jésus, pour toutes les générations du siècle des siècles" (Éph. 3:21). "Offrons donc, par Lui, sans cesse à Dieu un sacrifice de louanges" (Héb. 13:15).

Voyons encore ce que nous enseigne l'Écriture. La femme samaritaine a interrogé le Seigneur sur ce sujet, ou plutôt quant à l'endroit où l'on doit adorer. Dans Sa réponse, Il a daigné répondre bien au-delà des limites de la question. "Femme, crois-moi: l'heure vient que vous n'adorerez le Père, ni sur cette montagne, ni à Jérusalem. Vous, vous adorez, vous ne savez quoi; nous, nous savons ce que nous adorons; car le salut vient des Juifs. Mais l'heure vient, et elle est maintenant, que les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité; car aussi le Père en cherche de tels qui L'adorent. Dieu est esprit, et il faut que ceux qui L'adorent, L'adorent en esprit et en vérité" (Jean 4:21-24). En premier lieu, le Seigneur déclare qu'il n'y aura plus dorénavant sur la terre de lieu déterminé pour l'adoration. Jérusalem avait été le lieu sacré où le temple fut bâti, et où le peuple se rendait année après année de toutes les parties du pays (Ps. 122). Mais lorsque Christ fut rejeté, la maison qui avait été jusque-là celle de Dieu fut laissée déserte (voir Matt. 23:37-39). Et depuis lors, il n'y a plus eu sur la terre une "maison de Dieu" matérielle. L'Église est maintenant "l'habitation de Dieu par l'Esprit" (Éph. 2:22); et notre lieu d'adoration, comme nous l'avons vu dans une précédente lettre, est désormais au-dedans du voile déchiré, dans la présence immédiate de Dieu.

En second lieu, le Seigneur indique qui peut être adorateur -- ceux qui "adoreront le Père en esprit et en vérité" et que le Père cherchait. Ce sont donc uniquement des croyants, uniquement ceux que Dieu dans Sa grâce cherche, comme cette femme de Samarie qu'Il avait cherchée et trouvée, dans la personne de Son Fils, pour l'amener en relation avec Lui-même comme Ses enfants. Ce sont ceux-là, et ceux-là seuls qui peuvent adorer le Père en esprit et en vérité. L'apôtre Paul affirme la même chose quand il dit: "Nous sommes la circoncision nous qui rendons culte par l'Esprit de Dieu, et qui nous glorifions dans le Christ Jésus, et qui n'avons pas confiance en la chair" (Phil. 3:3). Suivant l'enseignement de l'épître aux Hébreux, il est impossible à qui que ce soit de s'approcher de Dieu sans que ses péchés soient ôtés (Héb. 10); ni sans la foi (Héb. 11:6). Comme de plus, seuls les croyants ont l'Esprit de Dieu (voyez Romains 8:14-16; Gal. 4:6), personne d'autre ne peut adorer en esprit ou par l'Esprit de Dieu.

Aussi évidentes que soient ces vérités, volontiers acceptées en théorie, il est nécessaire de les répéter encore et encore, car dans l'"adoration publique" que l'on pratique de tous côtés, toute distinction entre croyants et incrédules est soit ignorée soit occultée. Tous, sauvés ou non, sont invités à s'unir dans les mêmes prières, les mêmes chants de louanges, et l'on met totalement de côté les Écritures selon lesquelles seuls les "vrais adorateurs" adoreront le Père en esprit et en vérité.

En troisième lieu, le Seigneur définit les caractères mêmes de l'adoration. Elle doit être "en esprit et en vérité". Adorer "en esprit", c'est adorer selon la vraie nature de Dieu et dans la puissance de la communion que donne l'Esprit de Dieu. L'adoration en esprit est ainsi en contraste avec les formes, les cérémonies et toute la religiosité dont la chair est capable. Adorer Dieu "en vérité", c'est L'adorer selon la révélation qu'Il a donnée de Lui-même. Les Samaritains n'adoraient Dieu ni en esprit ni en vérité. Les Juifs L'adoraient en vérité, dans la mesure où l'on peut dire cela d'une révélation incomplète. Mais ils ne L'adoraient absolument pas en esprit. Maintenant pour adorer Dieu, il faut les deux. Il doit être adoré selon la véritable révélation de Lui-même, donc "en vérité", et selon Sa nature, donc "en esprit".

Dieu nous a été révélé dans la personne et dans l'oeuvre de Christ. Car tout ce que Dieu est a été pleinement manifesté à et par la croix. La mort de Christ est donc la base de toute adoration chrétienne. C'est par l'efficace de son précieux sang que nous sommes qualifiés pour entrer dans la présence de Dieu, et puisque dans cette mort nous avons la révélation de tout ce que Dieu est, de Sa majesté, de Sa sainteté, de Sa vérité, de Son amour, c'est par la contemplation de ce merveilleux sacrifice que nos coeurs touchés par l'Esprit de Dieu sont conduits à l'adoration et à la louange. C'est pourquoi l'adoration est liée d'une manière toute spéciale à la table du Seigneur, car c'est lorsque nous sommes réunis autour de cette table, en tant que membres du corps de Christ, que nous annonçons la mort du Seigneur. On a dit: "Il est impossible de séparer la véritable adoration en esprit et la communion de l'offrande parfaite de Christ à Dieu. Dès l'instant où nous perdons de vue l'efficace du sacrifice de Christ et l'entière acceptation de Jésus devant le Père, notre adoration devient charnelle; elle n'est plus qu'une forme dont se délecte l'homme naturel".

Cette remarque explique le déclin de l'adoration dans l'ensemble de la chrétienté. Là où la table du Seigneur a perdu son vrai caractère, la source et les motifs de l'adoration sont oubliés. Car que rappelons-nous spécialement à la table du Seigneur, sinon Sa mort? Et c'est dans cette mort que nous pouvons voir ce que Dieu est pour nous, et ce que Christ est pour Dieu, aussi bien que la valeur infinie de Son sacrifice qui nous place saints et irréprochables dans la présence de Dieu, dans la lumière comme Lui est dans la lumière.

La grâce, l'amour éternel de Dieu, la grâce et l'amour insondable de Christ, sont déployés devant nos âmes lorsque nous commémorons la mort de Celui qui a glorifié Dieu dans Sa mort sur la croix où Il a porté nos péchés. Et ayant une pleine liberté pour entrer dans les lieux saints, par le sang de Jésus, nous nous prosternons avec adoration devant Dieu, comme nous le chantons:

O Dieu! maintenant tu as glorifié,

Ton Fils, éternel, saint, béni;

Le Nazaréen, le Crucifié,

Siège maintenant exalté sur Ton trône!

Par la foi, à Lui nous disons avec force,

Tu es digne, O Agneau de Dieu.

En vous laissant poursuivre la méditation de ce sujet à partir de ces jalons.

A vous affectueusement en Christ.

E.D.


*Page d'accueil --- *Page précédente --- *Début de la page