LA CÈNE DU SEIGNEUR


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Mon cher --,

Il ne faut jamais perdre de vue qu'il est possible d'être à la table du Seigneur et en même temps, de se trouver en défaut vis-à-vis de la participation à la cène du Seigneur. Ainsi, les Corinthiens étaient assemblés au nom du Seigneur, ils se réunissaient semaine après semaine à la table du Seigneur, et cependant Paul doit leur écrire: "Quand donc vous vous réunissez ensemble, ce n'est pas manger la cène dominicale" (1 Cor. 11:20). Leur orgueil les avait fait tomber dans un tel désordre qu'ils avaient oublié l'importance de la cène et fait de cette rencontre solennelle une occasion de festoyer. C'était leur repas qu'ils mangeaient, non celui du Seigneur; car ils avaient dissocié le pain et le vin de toute relation avec le corps et le sang de Christ. D'où la solennelle admonestation de l'apôtre: "N'avez-vous donc pas des maisons pour manger et pour boire? Ou méprisez-vous l'assemblée de Dieu, et faites-vous honte à ceux qui n'ont rien?... Vous louerai-je? En cela, je ne vous loue pas" (1 Cor. 11:22). C'est alors que Paul entreprend d'expliquer le vrai caractère de la cène, et nous déclare qu'il a reçu une communication spéciale du Seigneur concernant sa signification. Il est important de retenir que l'apôtre a reçu cet enseignement en rapport avec son ministère spécial concernant le corps de Christ (Col. 1:24 à 26). C'est à cette communication, la dernière au sujet de la cène, que nous nous référons pour exposer sa signification plutôt qu'aux évangiles qui cependant relatent son institution, la nuit de la pâque.

On ne peut manquer d'être frappé par la grâce merveilleuse qui se dégage des premiers mots: "le Seigneur Jésus, la nuit qu'Il fut livré, prit du pain, etc." (v. 23). Quel contraste entre le coeur de l'homme et le coeur de Christ! Sur le point d'être trahi par un de ses disciples, Il "prit du pain, et après avoir rendu grâces, Il le rompit et dit: Ceci est Mon corps, qui est pour vous; faites ceci en mémoire de Moi" (v. 23, 24).

Le pain est donc un symbole du corps de Christ, donné pour les siens, livré sur la croix pour eux, pour nous, pour tous les croyants. Lorsque nous mangeons ce pain, nous le faisons en mémoire du Seigneur. Le sens de l'expression "en mémoire de Moi" peut, si nous y prêtons attention, nous éviter beaucoup d'erreurs. Nous commémorons une chose passée; cela veut dire que nous la rappelons en mémoire. Ainsi, lorsque nous mangeons le pain de la cène, nous rappelons le fait que le Seigneur a été mort. Nous nous souvenons de Lui dans cette condition de mort dans laquelle Il est entré, lorsqu'Il portait nos péchés en Son corps sur le bois; lorsqu'Il endurait la colère que nous avions méritée, et qu'ainsi Il glorifiait Dieu à l'égard du péché. Ce n'est donc pas Christ tel qu'Il est maintenant glorifié que nous rappelons dans la fraction du pain, mais Christ tel qu'Il fut alors.

La coupe aussi présente la même vérité. "De même Il prit la coupe aussi, après le souper, en disant: "Cette coupe est la nouvelle alliance en Mon sang: faites ceci, toutes les fois que vous la boirez, en mémoire de Moi. Car toutes les fois que vous mangez ce pain et que vous buvez la coupe, vous annoncez la mort du Seigneur jusqu'à ce qu'Il vienne" (v. 25, 26). Le vin que nous prenons est le symbole du sang de Christ, qui parle aussi de mort, car nous ne pouvons imaginer le sang séparé du corps, en dehors de la condition de mort. Le verset 26 fait ressortir le fait qu'en mangeant le pain et buvant la coupe, nous montrons, annonçons ou proclamons la mort du Seigneur. Nous devons insister sérieusement sur cette vérité: en prenant la cène, nous regardons en arrière, vers un Christ mort; nous la prenons en souvenir de Sa mort sur la croix, de Son ensevelissement dans le sépulcre. Non seulement Il a porté nos péchés, mais Il a été fait péché pour nous, Lui qui n'avait "pas connu le péché", "afin que nous devinssions justice de Dieu en Lui". Notez bien qu'il ne s'agit pas seulement d'un Christ mourant, mais d'un Christ mort, non d'une continuelle répétition de Son sacrifice, comme plusieurs l'enseignent. "Car, par une seule offrande, Il a rendu parfaits à perpétuité ceux qui sont sanctifiés" (Héb. 10:14).

Cette pensée devrait suffire à occuper nos âmes lorsque nous sommes à la table du Seigneur. Quelle simplicité, et pourtant comme elle est propre à toucher nos coeurs et à les incliner en adoration devant Lui, lorsque nous nous réunissons pour rappeler Sa mort! L'apôtre nous montre qui est ce Christ mort. Il est impossible de trouver deux mots d'un contraste plus expressif: la mort du Seigneur. Celui qui est appelé le Seigneur est entré dans la mort. Quel amour! quels buts! quelle efficacité! quels résultats! Le Seigneur s'est donné pour nous. Nous célébrons Sa mort.

Observez encore ce qui suit: "jusqu'à ce qu'Il vienne" (v. 26). Tandis que nos coeurs sont attirés en arrière vers la croix, nous nous souvenons de la promesse de Sa venue en gloire, pour nous recevoir auprès de Lui, comme le fruit du travail de Son âme. Et ainsi, nous ne pouvons jamais oublier que notre complète rédemption, allant jusqu'à notre conformité à Son image, est le résultat de la mort de Christ. La croix et la gloire sont indissolublement liées.

Telle est donc la signification de la cène. L'apôtre nous donne de sérieux avertissements contre l'oubli de son importance: "Ainsi quiconque mange le pain ou boit la coupe du Seigneur indignement sera coupable à l'égard du corps et du sang du Seigneur. Mais que chacun s'éprouve soi-même, et qu'ainsi il mange du pain et boive de la coupe; car celui qui mange et qui boit, mange et boit un jugement contre lui-même, ne distinguant pas le corps" (v. 27 à 29). Il n'est pas ici question d'être par nous-mêmes dignes de participer à la cène du Seigneur. Ce que l'apôtre désapprouve, c'est de participer à la cène d'une manière indigne. Tout chrétien, à moins que le péché ne l'ait exclu, est digne de participer à la cène, parce qu'il appartient au Seigneur comme membre de Son corps. Mais il peut se faire qu'un chrétien y participe sans se juger lui-même, ou sans apprécier à sa valeur la signification de la cène et ce qui la rattache à Christ. Il ne discerne pas le corps du Seigneur, et il ne discerne ni ne juge le mal en lui-même. S'il mange ou boit dans de telles conditions, il le fait en jugement contre lui-même. Ainsi, il appelle sur lui la discipline; car le Seigneur juge les siens et les châtie afin qu'ils ne soient pas condamnés avec le monde (v. 32). Il avait donc châtié les Corinthiens pour leurs voies désordonnées, les uns par la faiblesse, les autres par la maladie, d'autres encore par la mort (v. 30). Il est donc nécessaire que nous nous examinions nous-mêmes quant à la manière dont nous participons à la cène du Seigneur, en jugeant tout ce que nous découvrons être impropre à la présence du Seigneur. "Mais si nous nous jugions nous-mêmes, nous ne serions pas jugés" (v. 31). Exerçant le jugement de nous-mêmes, nous n'avons pas à être châtiés par le Seigneur.

Il est clair, d'après tout ce qui précède, que nous ne sommes pas qualifiés pour être à la table du Seigneur aussi longtemps que la question de notre relation avec Dieu n'est pas réglée, en un mot aussi longtemps que nous n'avons pas la paix avec Dieu. Si je suis occupé de moi, de mes doutes, anxiétés ou craintes, je ne puis être occupé de la mort de Christ. C'est donc un mal d'amener trop tôt les âmes à la table.Car si elles y viennent avant d'avoir la paix avec Dieu, elles considèrent la table comme un moyen de grâce. Et lorsque la mort de Christ est placée devant elles, alors qu'elles ne connaissent pas pour elles-mêmes l'efficace de cette mort, elles sont misérables et malheureuses. Jusqu'à ce que la conscience soit en paix avec Dieu, par la foi en l'oeuvre de Christ, l'âme n'est pas libre ni à l'aise pour contempler la mort de Christ.

Allons plus loin. Lorsque nous sommes à la table ce n'est pas pour être occupés des privilèges que nous tenons de la mort de Christ. C'est plutôt pour entrer, par la puissance du Saint Esprit, dans les pensées de Dieu touchant Son Fils bien-aimé. Nous sommes là comme adorateurs, pénétrant dans le lieu très-saint à travers le voile, occupés du fait que Dieu Lui-même a été glorifié par la mort de Son Fils. En communion avec Dieu, nous pensons à ce que Christ a été pour Lui; combien Il a été précieux à Son coeur dans le moment suprême où Il était fait péché; comment Il a tout enduré pour glorifier Dieu, étant devenu obéissant jusqu'à la mort de la croix. Dès lors, c'est avec des coeurs débordant de reconnaissance que nous sommes rendus capables par le Saint Esprit d'offrir à Dieu notre adoration et notre louange. Quelle pensée! Nous sommes admis à considérer avec Dieu Son Christ placé dans la poussière de la mort, toutes les vagues et tous les flots du courroux de Dieu passant sur Lui. Dans cette contemplation, nous sommes amenés à nous écrier: "A Celui qui nous aime, et qui nous a lavés de nos péchés dans son sang;--et Il nous a faits un royaume, des sacrificateurs pour Son Dieu et Père; -- à lui la gloire et la force aux siècles des siècles! Amen" (Apoc. 1:5-6).

Nous sommes donc à la table pour apporter, non pour recevoir; cependant nous recevons toujours plus que nous n'apportons lorsque nous sommes là en communion avec la pensée de Dieu. Mais le but de notre rassemblement, c'est d'adorer, de rendre à Dieu l'hommage de nos coeurs parce que nous avons été rachetés par la mort de Son Fils. Et qui pourrait décrire la bénédiction qui se rattache au privilège d'annoncer la mort du Seigneur, selon le désir qu'Il a Lui-même exprimé? Rassemblés autour de Lui, ayant devant nos yeux les touchants symboles de Son corps et de Son sang, nous Lui témoignons l'affection de nos coeurs. Son amour que beaucoup d'eaux n'ont pu éteindre, pénètre nos âmes et les possède, de telle manière que nous sommes amenés à nous prosterner à Ses pieds dans l'adoration. Il nous fait en outre désirer le moment où nous Le verrons face à face, pour contempler Sa gloire, être avec Lui, et L'adorer pendant tous les âges de l'éternité.

Priant pour que vous saisissiez de plus en plus la signification de la mort du Seigneur, telle que nous l'avons dans la cène.

Affectueusement vôtre en Christ.

E.D.


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